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Des Afghanes misaient sur le cricket pour s’émanciper, les talibans les ont poussées à l’exil

- Business
janvier 12, 2025

Il faisait très chaud cette nuit-là à Kaboul. Quelques jours auparavant, le 15 août 2021, les talibans avaient pris le contrôle de la capitale afghane et du pays. Vers 4 heures du matin, Feroza Afghan, alors âgée de 17 ans, s’est faufilée dans les rues silencieuses pour éviter les talibans. Au total, il faudra trois mois, à elle et à sa famille, pour réussir à fuir l’Afghanistan, après des séjours dans neuf hôtels différents et le passage par 18 points de contrôle talibans. “S’ils avaient découvert qui nous étions, c’était fini”, se souvient la jeune femme. Son seul crime ? Jouer au cricket.

Le régime afghan est certainement le régime le plus hostile aux femmes dans le monde. Les talibans, un groupe djihadiste islamiste qui a repris le pouvoir lorsque le président Joe Biden a ordonné le retrait des troupes américaines du pays, interdisent aux filles d’aller à l’école au-delà du primaire et aux femmes d’élever la voix en public. Si une femme veut sortir, elle doit être couverte de la tête aux pieds. Si la police des mœurs constate une infraction, elle a toute liberté de sanction. Tous les réfugiés ont des histoires terribles à raconter sur ce régime fondamentaliste doloriste qu’est devenu l’Afghanistan. Mais peu de récits sont aussi poignants que ceux des joueuses de cricket exilées.

Neuf mois environ avant que les talibans ne prennent le pouvoir, l’Afghanistan avait créé sa première équipe nationale de cricket féminin, composée de 25 joueuses. Depuis, presque toutes ont fui à l’étranger. Aujourd’hui en exil en Australie, au Canada et en Grande-Bretagne, elles se battent pour être autorisées à représenter leur pays. Pour elles, le cricket n’est pas seulement un sport. C’est un moyen de montrer que les femmes peuvent faire leurs propres choix plutôt que de se soumettre aux règles édictées par des barbus arrivés par la force.

Un sport introduit tardivement en Afghanistan

Qui aurait pu croire que le cricket deviendrait un symbole de résistance ? Le sport national en Afghanistan est le bouzkachi, une version rustique du polo dans laquelle des joueurs à cheval s’affrontent pour lancer la carcasse d’une chèvre dans un but. Mais c’est le cricket qui est devenu le sport préféré des Afghans.

Dans les pays voisins, comme le Pakistan et l’Inde, l’engouement pour le cricket remonte au XVIIIsiècle, quand ce sport a été introduit par les colons britanniques. Les Afghans n’ont adopté le jeu que bien plus tard. Pendant les guerres civiles des années 1980 et 1990, des millions d’Afghans ont fui au Pakistan. Dans les camps de réfugiés, ils ont assisté à des parties de cricket et y ont pris goût. Raees Ahmadzai, un ancien joueur, se souvient d’avoir joué avec un battoir à linge en guise de batte et une balle de tennis enveloppée dans du ruban adhésif.

En 2001, les États-Unis ont renversé le régime taliban qui hébergeait Al-Qaida, le groupe terroriste responsable des attentats du Worl

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Dessin de Lauzan
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Source de l’article

The Economist (Londres)

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