Lorsqu’il avait décidé de troquer sa voiture à essence contre un véhicule électrique en 2022, John Peñafiel était convaincu d’avoir fait le bon choix. Chauffeur de taxi dans la ville de Guayaquil, la plus peuplée d’Équateur, il avait bénéficié d’une subvention gouvernementale de 4 200 dollars (4 032 euros) qui s’était ajoutée aux 600 dollars (576 euros) d’économies par mois réalisés sur sa consommation d’essence.
Mais deux ans plus tard, la grave sécheresse qui a rendu pratiquement inutilisables les centrales hydroélectriques fournissant les trois quarts de l’énergie du pays, provoquant des pannes de courant pouvant durer jusqu’à quatorze heures par jour, a fait fondre ses économies.
“Ce n’est plus viable”, selon Peñafiel, obligé de faire un détour pour se rendre à une station de recharge où l’approvisionnement est garanti, à dix kilomètres de chez lui, comme il l’a raconté à Rest of World, qui embauche des journalistes locaux pour écrire des sujets sur l’emploi et la technologie en Amérique latine.
“J’envisage sérieusement de revenir à une voiture à essence.”
La fièvre équatorienne pour les véhicules électriques a débuté en 2019, lorsque le gouvernement a adopté une loi sur l’efficacité énergétique exigeant la transition vers l’électrique de tous les véhicules publics d’ici à 2025, tout en accordant des réductions d’impôts et des subventions aux particuliers, dans un contexte de hausse des prix des carburants, qui ont encore augmenté de 26 cents (25 centimes d’euro) par gallon en 2024.
Infrastructures vétustes
Selon les données de l’Association équatorienne des entreprises automobiles (AEADE), “le nombre de véhicules électriques a augmenté de plus de 1 000 % depuis 2019, avec 3 828 nouveaux véhicules vendus depuis janvier 2022, soit un peu plus de 1 % de toutes les voitures.”
Mais “la sécheresse a tout fait basculer”, estime Luis Armas, ingénieur électricien spécialisé dans les énergies renouvelables.
Car, bien que le gouvernement ait mis fin en décembre aux coupures de courant programmées, les pannes d’électricité restent fréquentes. Et les experts n’excluent pas la possibilité de nouvelles crises, dans ce pays de 18 millions d’habitants aux infrastructures vétustes.