
Il suffit d’une sonnerie d’ascenseur pour que les employés dissociés de Lumon Industries (scindés en deux personnalités suite à une procédure chirurgicale qui leur a implanté une puce dans le cerveau) passent de leur “inter” (sans aucun souvenir de leur vie en dehors du travail) à leur “exter” (sans aucun souvenir de ce qu’ils font au travail).
Voilà donc le nœud de l’intrigue de Severance : la promesse d’échapper à la monotonie du travail en la refourguant à un alter ego qui, en théorie, n’en souffre pas puisque c’est ce qu’il a toujours connu et la seule chose à laquelle il peut aspirer. L’exter rêve qu’il lui suffise de cligner des yeux dans l’ascenseur pour être débarrassé de sa journée de travail. L’inter, quant à lui, rêve qu’à la fin de la journée, il puisse fermer les yeux en ayant mérité le titre d’employé du mois. Alors, dès que le “ding” de l’ascenseur se fait entendre, a priori, tout le monde est content : chacun est à sa place, à accomplir la tâche qui lui revient.
Améliorer la productivité
Certains ascenseurs, comme dans Severance, ont pour seule sonnerie une cloche d’étage, quand d’autres distraient leurs usagers avec une douce musique d’ambiance pour leur faire oublier qu’ils sont en train de monter ou descendre dix, quarante, voire cent deux étages (pour l’Empire State Building). En 1922, l’inventeur militaire George Orwen Squier fonde la Muzak Corporation, pionnière en psychologie du son appliquée au marketing. Or, cette entreprise partage un objectif commun avec Lumon Industries (du moins sur l’idée de base, car il s’avère que Lumon a des visées encore plus sinistres) : celui d’améliorer la productivité de ses employés en chassant de leur esprit toute pensée extérieure indésirable.
Au lieu d’une puce électronique, outil difficile à imagin