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La CIA estime qu’une fuite de laboratoire est “sans doute” à l’origine de la pandémie de Covid-19

- Business
janvier 26, 2025

Cinq ans après la pandémie de Covid-19, l’origine du virus qui a tué plus de 7 millions de personnes dans le monde, parmi lesquelles 1,2 million d’Américains, reste controversée. Dans un communiqué publié samedi 25 janvier, la CIA annonce qu’elle privilégie désormais l’hypothèse d’une fuite de laboratoire, rapporte The New York Times.

Une position qui tranche avec la prudence affichée jusque récemment par l’agence de renseignement, souligne le journal. “Depuis des années, la CIA affirme qu’elle ne dispose pas d’assez d’informations pour déterminer si la pandémie est apparue naturellement sur un marché de Wuhan, en Chine, ou à la suite d’une fuite accidentelle dans un laboratoire de recherche de cette ville.”

Les responsables de l’agence ont précisé que ce changement de position ne s’appuyait sur aucun élément nouveau, mais sur un examen plus approfondi des conditions dans lesquelles les laboratoires de haute sécurité de la province de Wuhan travaillaient au moment où la pandémie a débuté.

La communauté du renseignement divisée

Jeudi 23 janvier, lors de sa prestation de serment, John Ratcliffe, le nouveau directeur de la CIA, avait déclaré qu’un nouvel examen des origines du Covid figurait parmi ses priorités. L’une de ses premières décisions a été de déclassifier l’évaluation de l’agence commandée par Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de l’administration Biden, qui était “en préparation depuis déjà un certain temps”.

Les origines du virus continuent à diviser la communauté américaine du renseignement, note The Wall Street Journal, “en grande partie parce que le gouvernement chinois n’a pas coopéré avec les enquêtes internationales”. Cinq agences, dont le National Intelligence Council et la Defense Intelligence Agency, estiment “sans certitude” qu’une “transmission naturelle” est probablement à l’origine de l’épidémie, mais aucun animal hôte susceptible d’avoir transmis le virus n’a été identifié. Le FBI a été la première agence à indiquer avec une “certitude relative” qu’une fuite de laboratoire était une explication probable.

Le débat sur les origines du Covid-19 s’est par moments “fortement politisé”, souligne The Wall Street Journal. “Au cours de son premier mandat, le président Trump a accusé Pékin d’être responsable de ce qu’il a appelé le ‘virus chinois’, tandis que ses détracteurs démocrates de l’époque affirmaient que la Maison-Blanche tentait de détourner l’attention de sa gestion de la réponse à la pandémie.”

Une “manipulation politique” selon la Chine

Les responsables qui s’étaient montrés les plus critiques à l’égard des mesures de santé publique prises alors viennent justement d’accéder aux responsabilités, souligne The Washington Post.

Donald Trump vient ainsi de nommer Robert F. Kennedy Jr (RFK), connu pour avoir propagé des théories du complot concernant les vaccins contre le Covid-19, ministre de la Santé. Matthew Memoli est devenu quant à lui le directeur par intérim des National Institutes of Health (NIH, “Instituts nationaux de la santé”). “Pendant la pandémie, Memoli avait exhorté Anthony S. Fauci, alors l’un des dirigeants des NIH, à reconsidérer la stratégie de vaccination et déclaré qu’il cherchait à obtenir des exemptions de vaccination pour sa famille.”

Le docteur Fauci, qui avait joué un rôle de premier plan dans la réponse du pays à la pandémie en tant que conseiller de Donald Trump, vient pour sa part de se voir retirer la protection policière dont il bénéficiait alors qu’il reste la cible de menaces de la part de militants antivax. “Ce scientifique avait souvent contredit le président durant son premier mandat”, rappelle le Washington Post.

Quant à John Ratcliffe, désormais à la tête de la CIA, il avait déclaré “haut et fort”, lors du premier mandat de Donald Trump, que la pandémie avait commencé à cause d’une fuite de laboratoire alors qu’il était directeur du renseignement. Plus récemment, il avait accusé l’administration Biden de repousser l’hypothèse d’une fuite du laboratoire pour “ne pas avoir à affronter des problèmes géopolitiques avec la Chine”.

Le porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, Liu Pengyu, a réagi samedi aux déclarations de la CIA en les qualifiant de “manipulation politique”. En ajoutant : “Nous nous opposons fermement à la politisation et à la stigmatisation de l’origine du virus. Nous appelons tout le monde, une fois de plus, à respecter la science et à se tenir à l’écart des théories du complot.”