Le pub The Moon Under Water [littéralement “La Lune sous les eaux”], situé à proximité du Watford Football Club [au nord-ouest de Londres], est très grand, et les bières n’y sont pas chères. Exactement le genre d’établissement où l’on risquait il y a peu de ne pas pouvoir boire une pinte tranquille. Il y a quelques années encore, le gérant enlevait systématiquement les chaises les soirs de matchs et servait la bière dans des gobelets en plastique. Aujourd’hui, c’est fini. Les bagarres sont devenues rares.
Il y a encore vingt ans l’enquête nationale sur la criminalité en Angleterre et au pays de Galles révélait qu’un quart des personnes interrogées considéraient que l’ivresse et les altercations constituaient de gros problèmes à l’échelle locale.
À l’époque, Lily Allen, les Arctic Monkeys et The Streets écrivaient des chansons sur les bagarres dans les kebabs et les stations de taxis. Depuis, la situation a considérablement évolué : les rixes et autres altercations ont diminué de moitié, et les actes de vandalisme ont chuté de manière encore plus spectaculaire.
Un petit oubli sans gravité
Si à certains égards la société britannique est devenue plus policée, elle a aussi perdu un peu de son sens moral en chemin. Certaines formes d’arnaques sont mieux acceptées et plus répandues qu’avant. Et elles impliquent toujours les jeunes, surtout les hommes, qui sont certes mieux élevés, mais plus enclins à l’escroquerie. Cette double tendance – une société bien élevée mais plus retorse – pourrait résulter de l’interaction entre les changements technologiques et le laxisme des gouvernements.
Depuis plusieurs années, une grande enquête statistique, le British Social Attitudes Survey, pose la même question aux sondés : comment jugent-ils le comportement d’un demandeur d’emploi qui cacherait aux services sociaux qu’il gagne 500 livres sterling [600 euros] tous les mois ? La proportion des personnes interrogées qui considèrent cette dissimulation comme malhonnête a diminué. Bien sûr, avec l’inflation, cette somme est forcément moins importante au fil des années. Néanmoins, les gens sont aujourd’hui plus indulgents envers ceux qui “oublient” de déclarer 3 000 livres sterling [3 600 euros] qu’ils ne l’étaient il y a moins de dix ans quand il s’agissait de seulement 500 livres sterling.
Au-delà d’hypothèses purement théoriques, le ministère du Travail et des Retraites (DWP) estime que 3,7 % des dépenses du budget 2023-2024 ont été consacrées à des versements excessifs de prestations sociales, contre 1,9 % en 2015-2016. Certes, la fraude n’est pas la seule raison de ce trop-perçu, la confusion liée aux changements du système de prestations sociales [
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