– NRC, Amsterdam
C’est l’un de ces sujets qui provoque aussitôt soupirs et grognements. Le débat public qui enfle sur les fleurs d’ornement et leurs répercussions sur l’environnement comporte tous les ingrédients pour dégénérer, diviser et donner l’impression à certains que l’on “efface” encore une belle chose de la vie. Aux Pays-Bas, les fleurs sont profondément ancrées dans nos traditions : depuis les tulipes jusqu’aux corsos fleuris [défilés de chars], en passant par les bouquets que l’on s’offre à la moindre occasion.
Mais ces traditions apparaissent aujourd’hui sous un autre jour. Avec la récente publication de recherches sur la nocivité des pesticides pour l’environnement et l’être humain, et parce que notre vision des fleurs importées et exportées par avion évolue, les fleurs ornementales font depuis quelque temps grincer des dents.
En raison de leur nocivité pour l’environnement, les villes de Zutphen, de La Haye et d’Apeldoorn ont décidé de ne plus offrir de bouquets lors des fêtes et des anniversaires de leurs habitants. Dans plusieurs provinces, des juges donnent raison aux habitants qui vivent à proximité de champs de fleurs et s’inquiètent de l’utilisation de pesticides. Fin octobre, un juge français a même établi un lien de causalité entre le décès de la fille d’une fleuriste et l’exposition prolongée de cette dernière aux pesticides présents dans les fleurs coupées. Chaque année, l’ouverture du Keukenhof s’accompagne de protestations. [Situé dans l’ouest du pays, le plus grand parc floral du monde est ouvert au public pendant deux mois au printemps.] Bref, au rayon fleurs, les mœurs changent. Ce qui est en soi fort bien : les rituels et les traditions doivent évoluer avec l’air du temps.
Mais c’est précisément parce que cette discussion touche à des traditions profondément enracinées dans notre culture qu’elle doit être ouverte et bienveillante.
Les fleuristes pris en tenaille
Les fleuristes, par exemple, sont souvent pris en tenaille entre les intérêts juteux des producteurs et des groupes agrochimiques d’un côté, et les souhaits des consommateurs de l’autre. Si