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Neom, le projet futuriste saoudien, une réelle dystopie pour les travailleurs

- Business
janvier 31, 2025

Présenté comme une “cité-état futuriste avec une architecture époustouflante”, Neom n’est pour l’instant rien de moins que “le plus grand chantier du monde”. Mais pour les “100 000 travailleurs” qui s’y activent, il s’apparente surtout à “une dystopie”, raconte le quotidien américain The Wall Street Journal dans un long article sur ce mégaprojet saoudien.

Certes, Riyad a tiré des leçons de la “mauvaise publicité” dont avait souffert le Qatar sur ses chantiers pour la Coupe du monde de football 2022, ajoute le journal, qui concède que “les morts sur le chantier ont été relativement rares”, avec huit décès en 2023, selon les chiffres officiels saoudiens. Ce qui place Neom “grosso modo au niveau du secteur de la construction aux États-Unis”. Même si d’anciens employés du site estiment que les chiffres pourraient être supérieurs.

Cols blancs choyés, cols bleus négligés

Ainsi, les quelques centaines de “cols blancs” ont été installées depuis 2020 dans des constructions temporaires qui ressemblent à un parfait décor de suburb à l’américaine, et qui leur permettent de vivre dans des “conditions simples, mais confortables”.

Mais il n’en va pas de même avec les “cols bleus”, majoritairement originaires du Pakistan, du Bangladesh et des Philippines, dont le destin “illustre tout ce qui peut aller de travers quand autant de personnes arrivent dans un coin isolé du monde pour construire un projet hautement ambitieux selon un calendrier de combat, mais irréaliste”.

Le journal, qui cite des personnes ayant travaillé ou travaillant toujours sur le chantier de Neom, rapporte des cas de “viols collectifs, des suicides ainsi que des tentatives de meurtre”.

Hébergements surpeuplés, promiscuité et violences

Une des sources des dysfonctionnements réside peut-être dans le fait que “Neom sous-traite largement” l’hébergement de ces cols bleus. Certes, des vidéos montrent “des travailleurs se prélassant dans leurs chambres climatisées pour quatre personnes, mangeant du curry dans la cafétéria et jouant du cricket sur des terrains de sport”.

Mais les infrastructures n’ont pas été à la hauteur des “dizaines de milliers de migrants qui arrivent” sur le site. Quelque 168 camps ont ainsi été construits de façon informelle ou sans respect des normes et sont “surpeuplés, dépourvus d’équipements ou n’assurant pas de nourriture et de sécurité”, selon le Wall Street Journal.

Au point qu’en mars des travailleurs exaspérés se sont laissé aller à des “protestations violentes” contre la qualité de la nourriture à Neom, en lançant assiettes et couverts contre les cuisiniers, puis des détritus contre des bâtiments, rapporte le média américain. Ce qui est d’autant plus notable que toute expression collective de mécontentement est rarissime en Arabie saoudite.