4 views 5 mins 0 comments

une conférence de presse fleuve et deux démissions

- Business
janvier 29, 2025

Depuis qu’ont été révélées les accusations d’agression sexuelle visant le présentateur Masahiro Nakai, c’est toute la chaîne Fuji TV qui se retrouve dans la tourmente. Ses dirigeants sont soupçonnés d’avoir couvert les agissements de leur animateur vedette. Le 27 janvier, deux d’entre eux ont tenu une conférence de presse très attendue par les médias japonais, la deuxième en dix jours. Et celle-ci a duré… dix heures et vingt-quatre minutes, rapporte avec étonnement la NHK, la chaîne publique du pays. Dans un pays où les conférences de presse sont souvent très encadrées en matière de temps et d’accès, un tel exercice est exceptionnel.

Alors que l’assistance avait été triée sur le volet lors de la précédente adresse aux médias, le 17 janvier, cette fois-ci la direction de Fuji TV s’est exprimée devant environ 430 journalistes, y compris des indépendants, et les caméras de diverses chaînes de télévision.

Pour le Japan Times, une journaliste qui a assisté à l’intégralité de la conférence de presse (visible dans la vidéo ci-dessous) décrit l’agitation, voire la nervosité, à l’intérieur de la salle : “C’était une expérience unique et déconcertante de voir ce qui se passe lorsque la presse japonaise bénéficie d’une liberté totale sans limite de temps. Le seul mot d’ordre était d’éviter les questions susceptibles de révéler l’identité de la victime.”

L’opinion publique japonaise est secouée par les révélations de l’hebdomadaire Josei Seven, qui avait publié le témoignage d’une femme, collaboratrice de Fuji TV, accusant Masahiro Nakai d’agression sexuelle après un dîner en tête-à-tête. Ce dernier a depuis annoncé qu’il mettait fin à ses activités. Un cadre de Fuji TV est aussi accusé d’avoir organisé des soirées et des rencontres avec des présentatrices et des employées de la chaîne dans le but de “divertir” les célébrités comme Nakai. Cette affaire se traduit déjà par une fuite massive des annonceurs.

Culture sexiste

Acculés, Koichi Minato, président de la chaîne privée, et Shuji Kano, à la tête du conseil d’administration de Fuji Media, maison mère de Fuji TV, ont annoncé leur démission lors de la conférence du 27 janvier, rapporte le quotidien Asahi Shimbun. “Je présente mes plus sincères excuses à la femme concernée. Du fait d’une prise de conscience insuffisante quant aux droits humains, notre gestion de l’affaire n’a pas été digne”, a déclaré Kano, cité par le quotidien.

De nombreuses questions demeurent, notamment sur les circonstances des faits reprochés à Nakai et sur l’implication du cadre de Fuji TV dans l’affaire. L’affaire soulève également la question de la culture sexiste régnant au sein de la chaîne. Selon les médias locaux, les employées se voyaient assigner un rôle d’hôtesse à certaines occasions. Une enquête interne a été diligentée et un rapport doit être publié en mars. Les avocats qui mèneront l’enquête devront “s’attaquer à la culture de l’entreprise”, tance le quotidien Mainichi Shimbun.

Le titre rappelle que, depuis l’éclatement de l’affaire Johnny Kitagawa, du nom d’un puissant producteur de musique qui aurait agressé sexuellement de nombreux jeunes garçons, le regard de la société sur les cas de violences sexuelles liés à l’industrie médiatique est “très dur”. “Il est impératif que les responsables de la chaîne mettent en place des mesures pour mieux protéger les droits humains, sinon ils ne pourront jamais rétablir la confiance qu’ils ont perdue.”