Daniel Ortega, le président du Nicaragua, et son épouse Rosario Murillo ont obtenu les pleins pouvoirs, jeudi 30 janvier, après le vote d’une réforme constitutionnelle au Parlement.
La loi de réforme de la Constitution, dont le projet avait déjà été adopté par le Parlement monocaméral en novembre, est « approuvée dans son intégralité », a annoncé l’Assemblée nationale sur son compte X, jeudi. Il s’agissait de la dernière étape avant l’entrée en vigueur du changement de la Constitution. Elle met notamment fin à l’indépendance du Parlement et de la justice.
Daniel Ortega, un ancien guérillero de 79 ans qui a dirigé le Nicaragua dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste et est revenu au pouvoir en 2007, avait déjà réformé une douzaine de fois la Constitution, s’octroyant notamment un nombre indéfini de mandats.
Selon le texte approuvé jeudi, la vice-présidente Murillo devient « coprésidente » aux côtés de son époux Daniel Ortega. L’élection présidentielle sera désormais organisée tous les six ans, contre cinq auparavant.
Les deux dirigeants coordonneront « les organes législatif, judiciaire, électoral » ou encore ceux gérant régions et municipalités, alors que la Constitution précédente les considérait indépendants.
La « profonde préoccupation » des Nations unies
La réforme définit par ailleurs le Nicaragua comme un Etat « révolutionnaire » et « socialiste » et inclut parmi les symboles nationaux le drapeau rouge et noir du FSLN, l’ancienne guérilla sous la direction de laquelle une insurrection populaire a renversé le dictateur Anastasio Somoza en 1979.
Le Bureau régional pour l’Amérique centrale du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a exprimé, dans un communiqué, sa « profonde préoccupation » face à l’adoption de cette réforme, estimant qu’elle « accroît les régressions en matière de libertés civiles et politiques » dans ce pays d’Amérique centrale.
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« Ces changements drastiques marquent la destruction de l’Etat de droit et des libertés fondamentales au Nicaragua (…) Ortega et Murillo ont consacré et consolidé leur pouvoir absolu », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocat américain Reed Brody, membre d’un groupe d’experts de l’ONU sur le Nicaragua.