En 2015, la France subissait une série d’attentats inédite sur son sol, faisant près de 150 morts au total, perpétrée par des djihadistes affiliés à Al-Qaida (les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo) ou à l’organisation Etat islamique (Amedy Coulibaly, terroriste du magasin Hyper Cacher, ainsi que les auteurs des attentats de novembre). Etait-on alors à l’apogée de la menace terroriste en France ?
Dans un entretien au Monde, Hugo Micheron, enseignant chercheur à Sciences Po et auteur de La Colère et l’oubli. Les démocraties face au jihadisme européen (dont Gallimard a publié en novembre 2024 une nouvelle édition revue et augmentée), dresse un état des lieux de la menace djihadiste, au prisme de récentes reconfigurations majeures, du Proche-Orient à l’Intelligence artificielle.
Comment la menace djihadiste a-t-elle évolué depuis 2015 ?
Hugo Micheron : Le contexte n’est plus le même. Nous étions à l’apogée territorial de l’Etat islamique, qui contrôlait une large zone de l’est de la Syrie et de l’ouest de l’Irak. Le divorce entre Al-Qaida et Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] n’était pas non plus totalement consommé, en tout cas pour les djihadistes européens, puisque les frères Kouachi appartenaient à l’un mais s’étaient coordonnés avec Amedy Coulibaly, qui venait de faire allégeance à l’autre.
Il vous reste 89.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.