Le discours s’infléchit petit à petit au sein du gouvernement à propos du niveau des dépenses qu’il conviendrait de consacrer au sport en 2025, sans que l’on sache bien toutefois, si les propos tenus engagent l’exécutif ou ne reflètent que l’avis de leurs auteurs.
La ministre des comptes publics Amélie de Montchalin n’a en tout cas pas hésité, vendredi 24 janvier sur Franceinfo, à assurer « entendre » les critiques portées par les acteurs du monde sportif et de nombreux élus sur les coupes envisagées dans les moyens alloués au secteur. « Quand vous avez les parlementaires de tous bords, toute la société civile qui vous dit que ce n’est pas le bon équilibre, il faut l’entendre », a-t-elle déclaré.
Deux jours plus tôt, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, avait jugé « légitime » de revenir « à un étiage plus raisonnable » des dépenses de l’Etat en faveur du sport, après « une séquence exceptionnelle en 2024 », en raison des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. L’« étiage plus raisonnable » faisait, en l’occurrence, référence à la réduction de 273 millions d’euros, programmée cette année pour les crédits pour la pratique sportive, baisse que le gouvernement souhaitait amplifier de 34,3 millions.
Mais les sénateurs se sont opposés, le 16 janvier, à cette coupe supplémentaire et le milieu sportif a vivement réagi à travers la publication de deux tribunes, déplorant une forme d’abandon après les Jeux de Paris. Ce qui a d’ailleurs conduit le président de la République, Emmanuel Macron, à appuyer ces appels en déclarant qu’il fallait « mettre les moyens pour nos sportifs » et faire en sorte que l’« héritage » de la grand-messe estivale « bénéficie à tous ».
Tout se jouera en commission mixte paritaire
Tout en relevant qu’une « coupe de 100 millions [la baisse des crédits pour le sport hors la disparition des mesures liées à l’organisation des Jeux] n’est pas le point d’arrivée du compromis », qui devrait être trouvé finalement entre l’exécutif et les parlementaires, la ministre des comptes publics a fait valoir que ces derniers « trancheront ».
Ce sera l’un des enjeux de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, qui réunira députés et sénateurs le 30 janvier. C’est aussi ce que le porte-parolat du gouvernement avait tenu à expliquer mercredi, quelques heures après ses premières déclarations sur la légitimité des coupes budgétaires.
Les parlementaires, par la voix du député Belkhir Belhaddad (Ensemble pour la République, Moselle) et du sénateur Jean-Jacques Lozach (Parti socialiste, Creuse) ont, pour leur part, répété, jeudi, qu’ils ne voulaient pas des 34 millions de coupes, mais qu’ils entendaient obtenir deux choses : le transfert de 80 millions d’euros de crédits prévus pour le service national universel (SNU) vers la « mission sport », de même que le fléchage de 113 millions d’euros supplémentaires, issus des taxes sur les paris sportifs en ligne, vers l’Agence nationale du sport nationale, « bras armé » de l’Etat en matière de politique publique sportive.
Sur ce dernier point, la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, Mme Barsacq a assuré qu’« appuyer » cette demande constitue son « sujet prioritaire ». Mercredi soir lors des vœux au monde sportif, elle a déclaré qu’il lui semblait possible de « trouver le bon équilibre » pour le budget du sport. Reste à s’accorder sur ce que ce que recouvre exactement ce « bon équilibre ».