Au sommet Choose France, le 19 mai, Emmanuel Macron a demandé la suppression totale du devoir de vigilance des multinationales, l’une des seules avancées écologiques et sociales obtenue sous le précédent mandat européen. La mise en danger de ce texte, dénoncée par toutes les ONG et par un certain nombre d’entreprises, aurait des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la société.
Malgré les catastrophes climatiques qui s’accumulent et le nombre croissant de drames humains directement imputables aux multinationales, faute d’instruments pour contrôler et sanctionner ces dernières, les dirigeants européens nourrissent une obsession grandissante pour la dérégulation. Au nom de la compétitivité, ils s’apprêtent à sacrifier le peu de garde-fous empêchant les plus grandes entreprises de saccager notre planète et d’exploiter les travailleurs. Serions-nous de retour dans les années Reagan et Thatcher ?
Leur constat est on ne peut plus sommaire : les règles imposées aux entreprises européennes seraient trop complexes et nuiraient à leur productivité. Un discours emprunté aux lobbies, révélateur d’une vision court-termiste et dangereuse, mais qui se concrétise dans le nouveau chantier de « simplification » de la Commission européenne (le paquet omnibus) et par les nombreuses prises de position de chefs d’Etat demandant le report, l’affaiblissement, ou la suppression des lois visant à encadrer les multinationales. Sans surprise, Emmanuel Macron les rejoint et choisit une fois de plus de défendre les grands patrons plutôt que ceux qu’ils exploitent.
La directive sur le devoir de vigilance des multinationales vise à rendre les entreprises responsables des violations des droits humains et dommages à l’environnement commis tout au long de leur chaîne de production. Elle serait une véritable brèche pour mettre fin à l’impunité des multinationales et permettrait par exemple de rendre Shein juridiquement responsable d’exploiter ses salariés soixante-quinze heures par semaine, Lactalis de polluer généreusement les cours d’eau en France, Nike d’avoir recours au travail forcé des Ouïgours…
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