[Cet article est à retrouver dans notre hors-série Le vertige français, en vente à partir du 29 janvier chez votre marchand de journaux et sur notre site.]
“La 377, s’il vous plaît !” Une bise. “Lucile, je suis à toi tout de suite, vous êtes combien ?” Il est midi à L’Après M, un restaurant un peu à part situé dans les quartiers nord de Marseille, la banlieue de toutes les banlieues de l’Hexagone, la périphérie des périphéries. Pas comme les autres*, disent les Français pour parler de ce qui sort de l’ordinaire, de ce qui vous touche au cœur. Et l’attrape-cœurs, ici, c’est Kamel Guemari, 42 ans. Un grand maigre au regard doux et à la barbe taillée au carré. Un enfant de cette banlieue compliquée.
Tout le monde le connaît, tout le monde le demande. Un père pousse la porte à la recherche d’un travail pour son fils, qui a 16 ans et demi et se tourne les pouces à la maison. “Kamel, tu n’aurais pas quelque chose pour lui ?” Ils s’assoient à une table haute. Kamel Guemari parle à voix basse, avec cet accent gouleyant du Sud qui arrondit les finales.
La commande 180 est prête. “La cent-quatre-vingue* ! Approchez-vous de la caisse, s’il vous plaît.”
Ni métro ni tram
L’Après M ressemble à un McDonald’s, fonctionne comme un McDonald’s et p
