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au Canada, un record de visites dans les banques alimentaires

- Business
mars 02, 2025

Jessica, qui fait la une de L’actualité, vit dans la région de Montréal, où elle travaille comme secrétaire ; son conjoint travaille dans la distribution ; leurs revenus combinés les placent en bas de la classe moyenne. “Je ne dépense pas pour moi, je ne mange presque pas. C’est pour eux autres”, dit-elle en parlant de ses quatre enfants. Comme le met en lumière l’enquête du magazine, l’inflation que connaît le Canada depuis 2019 pousse de plus en plus de familles, même parmi celles qui détiennent un emploi, à se tourner vers le dernier poste de dépense compressible : l’alimentation.

Même situation sur la côte Atlantique du pays : comme son mari, gestionnaire de projets dans une université de la Nouvelle-Écosse, Stefany travaille dans la fonction publique, 35 heures par semaine. Mais le couple “doit se priver de certains aliments – comme le fromage”. En Alberta, dans l’Ouest, une réceptionniste de 34 ans, Mandi Lane, a un emploi à temps plein et un autre à temps partiel. Malgré cela, elle dit ne plus être en mesure de manger trois fois par jour : “Je ne suis qu’à une seule paye de redevenir une cliente de la banque alimentaire.”

Le prix des légumes a grimpé de 20 %

De nombreux autres travailleurs ont fait le saut. Concierge dans une école québécoise, Guylaine dit avoir besoin de la banque alimentaire chaque semaine : “Après avoir payé les factures, il ne me reste plus rien ou presque.” Le portrait est sombre, précise le magazine : “Banques alimentaires Canada a compté plus de 2 millions de visites en mars 2024, le nombre le plus élevé de l’histoire des banques alimentaires du pays.” Et ajoute : “Le pourcentage de la clientèle qui a un emploi a aussi atteint un taux record de 18 % l’an dernier.”

Le seul prix des légumes a grimpé de 20 % entre mai 2021 et mai 2023. Une hausse que le spécialiste de l’économie agroalimentaire de l’Université Laval Maurice Doyon explique par la montée en flèche des prix des équipements des agriculteurs, des engrais, du transport, de l’essence et de la main-d’œuvre.

François Fournier, chercheur à l’Observatoire québécois des inégalités, voit d’un œil critique les initiatives gouvernementales de financement de cuisines collectives ou de frigos communautaires : “Je n’ai rien contre ça, mais en parallèle, il faut des solutions qui augmentent le pouvoir d’achat.”