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Derrière l’“Année de la famille” en Turquie, un durcissement de la rhétorique anti-LGBTQ ?

- Business
février 05, 2025

Cela fait longtemps que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, parle de natalité. Déjà, à la fin des années 2000, il incitait les familles à avoir “au moins trois enfants”. Depuis, il répète comme un mantra :

“Un [enfant], c’est la solitude ; deux, c’est la rivalité ; trois, c’est l’équilibre ; et quatre, c’est la prospérité.”

Entre-temps, le dirigeant turc a durci sa rhétorique anti-LGBTQ, se servant parfois du sujet pour creuser les lignes de fracture idéologiques au sein de la société, notamment lors des élections de 2023.

Pour entamer la nouvelle année, il a choisi de rassembler ces deux thématiques – pro-famille et anti-LGBTQ – en faisant de 2025 l’“Année de la famille”.

“Menace existentielle”

Son programme, présenté en détail fin janvier, prévoit une augmentation des incitations financières et du soutien de l’État aux familles afin de remédier à la baisse du taux de natalité – phénomène qu’Erdogan qualifie de “menace existentielle”.

“Nous ne perdrons pas seulement notre population, mais aussi notre influence sur la scène internationale”, pronostique Erdogan.

Selon plusieurs législateurs et analystes, ces mesures ont toutefois peu de chances d’avoir une incidence réelle sur le taux de natalité du pays. Pire, elles pourraient même aggraver le clivage de la population en promouvant une vision très conservatrice du rôle des femmes et des droits des LGBTQ.

“Alors que la crise économique s’aggrave et qu’il est de plus en plus difficile de satisfaire des besoins élémentaires, ces appels à avoir trois enfants [par famille] ne tiennent pas compte des difficultés qu’éprouvent” [nos concitoyens], déclare Aylin Nazliaka, vice-présidente du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition.

Une série de mesures concrètes

De nombreux pays ont déjà tenté, en vain, de lutter contre la faiblesse de leur taux de natalité par des incitations publiques. Le président Erdogan s’y essaie à son tour et a dévoilé une série de mesures en ce sens, notamment des prêts sans intérêt de 150 000 livres turques [plus de 4 000 euros] pour les couples qui se marient pour la première fois.

Pour les familles, une nouvelle naissance permettra de toucher une aide de 5 000 livres turques [environ 130 euros]. Un deuxième enfant donnera droit à un versement mensuel de 1 500 livres turques [environ 40 euros], et un troisième à un paiement mensuel de 5 00