Ils ont renoncé à presque toutes leurs grandes réformes, ils n’ont aucune mesure phare à leur actif, mais possèdent un talent vraiment particulier : le don d’inventer de nouveaux délits. Le gouvernement de Giorgia Meloni est une véritable usine à produire à la chaîne des alinéas, des amendements et de nouvelles circonstances aggravantes – un peu comme le gouvernement Berlusconi multipliait les lois pour protéger le Cavaliere. Cette fois, cette profusion sert à masquer le vide et l’absence de projet du gouvernement, qui se contente de vouer à la vindicte populaire de nouveaux ennemis sans cesse différents.
Le projet de loi sur la sécurité – voté en deuxième lecture au Sénat, mais qui pourrait encore être modifié pour tenir compte des réserves du président – prévoit ainsi d’introduire au moins 14 nouveaux délits et 9 circonstances aggravantes, comme l’a souligné Gian Luigi Gatta, professeur de droit pénal, lors de son audition au Sénat.
Le texte contient par exemple la mesure baptisée par ses opposants “mesure anti-Gandhi”, qui prévoit des peines de prison pour tous ceux qui bloquent une route ou une voie ferrée. Ou encore le délit de révolte carcérale, qui punit aussi la résistance passive, ce qui est également assez contraire aux idées prônées par l’icône de la non-violence, puisque cela pourrait s’appliquer aussi bien à un détenu en grève de la faim qu’à un migrant détenu dans un centre de rétention.
Il durcit les peines pour ceux qui manifestent devant les chantiers de grands travaux stratégiques, comme le pont sur le détroit de Messine ou la ligne [ferroviaire] à grande vitesse entre Lyon et Turin, il interdit aux migrants clandestins d’acheter une carte SIM pour téléphoner, ou encore lève l’interdiction d’incarcérer une femme durant sa grossesse ou lorsqu’elle élève un enfant de moins de 1 an, c