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le parti islamiste radical HTI fait son retour dans les rues, malgré son interdiction

- Business
février 17, 2025

L’étendard islamique noir et blanc flottant au vent, des militants scandant des slogans en faveur d’un califat : le 2 février, l’Indonésie a vu ressurgir un spectre que l’on croyait enterré. Plus de 17 000 anciens membres du Hizb ut-Tahrir Indonesia (HTI) ont défilé à travers plus de la moitié des 38 provinces indonésiennes.

Interdit depuis 2017, parce qu’il promeut l’instauration d’un califat strict fondé sur la charia, le HTI est la branche indonésienne de l’organisation islamiste transfrontalière Hizb ut-Tahrir (“parti de la libération” islamique), fondée en 1953 à Jérusalem par un érudit palestinien et militant pour la création d’un califat islamique mondial.

“Le califat et la charia, de meilleures solutions pour la Palestine que le cessez-le-feu”, pouvait-on lire sur certaines pancartes. Profitant d’un climat de tension exacerbé par la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, ces rassemblements interrogent quant à une tentative de retour en force du groupe dans le plus grand pays musulman, analyse The Straits Times.

Un contexte politique plus favorable ?

L’arrivée au pouvoir de Prabowo Subianto en novembre dernier, qui n’a pas hésité par le passé à composer avec des groupes islamistes pour asseoir sa légitimité électorale, est le signe d’un climat politique plus propice pour ces mouvements, explique l’article. “Ce que les anciens manifestants du HTI ont fait ce week-end était un test. S’ils recevaient du soutien du public, ils reviendraient plus nombreux par la suite”, déclare au journal A’an Suryana de l’institut Iseas, au Straits Times.

Des spécialistes de l’islam radical confirment que les campagnes des partisans de ce groupe se sont intensifiées depuis l’arrivée au pouvoir du président Prabowo.

Une menace idéologique

Sur les réseaux sociaux, la branche jeunesse de la Nahdlatul Ulama, plus grande organisation islamique d’Indonésie, qui prône un islam modéré et tolérant, a dénoncé l’inaction des autorités :

“Le HTI fait la fête aujourd’hui dans plusieurs villes… Comme s’ils venaient d’être libérés d’une cage. Si les autorités ne dispersent pas la foule, nous le ferons.”

Se confiant au Straits Times, un chercheur de l’Université islamique internationale d’Indonésie estime que “la force du groupe réside dans son attrait idéologique pour une identité panislamique […]. Ce récit trouve un écho en Indonésie auprès des populations désillusionnées par la corruption politique, les inégalités économiques et le déclin moral perçu.”