Il y a un siècle, en pleines Années folles, deux jeunes journalistes lançaient un nouvel hebdomadaire : The New Yorker. Leur première une devait refléter les mots d’ordre du magazine : “raffinement et gaieté”.
Le résultat, raconte le prestigieux titre cent ans plus tard, allait devenir “l’une des icônes les plus familières de l’histoire des magazines” : le dandy Eustace Tilley, dirigeant avec curiosité son monocle vers un humble papillon.
Republiée chaque année à l’identique jusqu’en 1994, puis réinterprétée par des illustrateurs, cette couverture – et son sujet – est indissociable du New Yorker. Il était donc tout naturel de fêter l’anniversaire en invitant “des artistes du monde entier” à livrer leur propre vision du dandy.
Le point de vue du papillon
Ainsi, “Diana Ejaita, qui travaille entre Lagos, au Nigeria, et Berlin, en Allemagne, le transforme en une figure féminine qui se trouve être aussi un papillon. Anita Kunz, résidant à Toronto, subvertit complètement la relation en montrant une grenouille au col montant en train d’avaler l’insecte qui bat des ailes.”
“L’illustrateur espagnol Javier Mariscal essentialise l’interaction dans un esprit d’innocence sophistiquée, tandis que la Brésilienne Camila Rosa réinterprète Eustace en femme latino-américaine”, poursuit le magazine.
Reste la version du célèbre artiste africain-américain Kerry James Marshall, ci-dessus : “Les yeux d’Eustace s’y ouvrent sur un drone-papillon observé de près. Mais le point de vue du papillon nous est désormais lui aussi visible, sur [l’écran de] la poitrine du dandy-robot […], ouvrant une réflexion sur la façon dont la technologie et l’intelligence artificielle changent notre vision de la nature humaine.”