À partir d’avril, la petite Edith, qui a fêté son premier anniversaire il y a peu, passera toutes ses journées avec son père. Un ministre. Lequel a décidé d’user d’une des possibilités offertes par le système suédois en vue de favoriser l’égalité entre les sexes : le droit à un congé parental réservé pour chacun des deux parents.
À ce titre, comme tout père suédois, Peter Kullgren a droit à 80 jours depuis 2016. Du moins sur le papier. Ses responsabilités gouvernementales l’empêcheront d’en prendre la totalité. Pour commencer, il a déjà prévu cinq semaines à partir de début avril. Et plus tard, une seconde période, espère-t-il, “si le calendrier le permet”, relate le quotidien Expressen, le premier à raconter cette histoire.
Son chef, le Premier ministre conservateur Ulf Kristersson, est d’accord. “Il m’a encouragé à prendre un congé parental, même si c’est pour une période réduite”, se félicite le chrétien-démocrate qui, à 43 ans, est chargé du ministère des Affaires rurales (incluant l’agriculture, les forêts et le développement régional).
Il sera alors le deuxième membre d’un gouvernement suédois à s’absenter de ses fonctions pour s’occuper de sa progéniture à temps plein, ce qui est autorisé depuis 2018. L’année suivante, la ministre de la Culture, l’écologiste Amanda Lind, avait ouvert la voie.
Souhaite-t-il qu’on interprète sa décision comme “un acte symbolique au nom de l’égalité entre les sexes” ? À cette question posée par le journal, l’intéressé répond que ce n’est pas le cas. Non, pour lui, prendre du temps pour s’occuper de sa fille “est quelque chose qui est important pour [sa] relation” avec elle, un point c’est tout.
Près de 90 % du salaire
Sur la période de congé parental réservé aux pères suédois, les jours que Peter Kullgren ne pourra pas prendre n’iront pas à sa femme, car ils seront perdus. Un système instauré pour inciter les pères à s’occuper davantage de leurs jeunes enfants.
Jusqu’à présent, c’est Sarah Kullgren, 31 ans, qui s’occupe de la petite Edith, tout en présidant la Fédération des femmes chrétiennes-démocrates. Comme toute mère suédoise, elle aussi a droit à 80 jours qui lui sont strictement réservés. Pour le reste du congé parental, soit 320 jours, libre aux couples de décider de qui, de la mère ou du père, s’en charge.
D’après l’Expressen, Peter Kullgren aura droit, durant son absence, à 90 % de son salaire, soit l’équivalent de 12 500 euros par mois – un pourcentage un peu supérieur au minimum prévu pour les autres pères suédois en congé parental (80 % du salaire). C’est que, justifie-t-il, “ce ne sera pas un congé habituel”, puisqu’il sera susceptible d’être appelé à reprendre du service “en cas d’événements extraordinaires”. Ses tâches quotidiennes seront assumées par un secrétaire d’État.