Cuba a annoncé, lundi 10 mars, que 553 prisonniers avaient été remis en liberté, comme le pays s’y était engagé à la mi-janvier à la suite de la décision de l’ex-président américain Joe Biden de retirer l’île de la liste des pays soutenant le terrorisme.
« En janvier, 378 demandes [de remises en liberté] ont été soumises au tribunal et en février, 175 demandes, ce qui fait un total de 553 personnes (…) Le processus s’est terminé avec succès », a déclaré à la télévision d’Etat la vice-présidente de la Cour suprême, Maricela Soza Ravelo. La liste des personnes concernées n’a toutefois pas été rendue publique.
Le gouvernement cubain avait annoncé le 14 janvier son intention de libérer progressivement 553 prisonniers condamnés pour « divers délits » dans le cadre d’un accord conclu avec le Vatican, et juste après le retrait de l’île de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme par le président Joe Biden (2021-2025).
Les remises en liberté avaient commencé dès le lendemain, mais avaient été interrompues le 21 janvier après que Donald Trump eut révoqué la décision de son prédécesseur. Elles avaient ensuite repris de manière sporadique, selon plusieurs organisations de défense des droits humains.
Les autorités cubaines n’ont jamais rendu publique une liste de prisonniers – politiques ou de droit commun – devant être libérés, ni un calendrier.
La vice-présidente du tribunal a également rappelé qu’il s’agissait de remises en liberté conditionnelle qui pouvait être « révoquée » et que les personnes libérées devaient « maintenir un comportement social conforme à nos normes socialistes de vivre-ensemble » pendant leur période probatoire.
De son côté, la plateforme Todos, réunissant plusieurs ONG de défense des droits humains, a enregistré jusque-là 212 remises en liberté de prisonniers politiques, concernant en majorité des Cubains ayant participé aux manifestations antigouvernementales du 11 juillet 2021. Des milliers de personnes étaient alors descendues dans les rues de l’île pour réclamer plus de liberté et de meilleures conditions de vie.
Des manifestants condamnés à des peines allant jusqu’à vingt-cinq ans de prison
Parmi les personnes libérées depuis la mi-janvier figurent les dissidents historiques José Daniel Ferrer et Félix Navarro, déclarés « prisonniers d’opinion » par Amnesty International. En revanche, les artistes dissidents Luis Manuel Otero Alcantara et Maykel Osorbo, également déclarés « prisonniers d’opinion » par Amnesty, et condamnés respectivement à cinq et sept ans de prison, n’ont pas été remis en liberté.
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Récompensé en 2024 par le prix norvégien Rafto des droits humains, l’artiste performeur Otero Alcantara a été condamné pour insulte aux symboles de la patrie, outrage et trouble à l’ordre public, des délits antérieurs au 11 juillet 2021.
Maykel Osorbo, coauteur de la chanson Patria y vida (« patrie et vie »), devenue un symbole des manifestations antigouvernementales à Cuba, a été arrêté en mai 2021 et condamné pour trouble à l’ordre public, outrage à la justice et agression.
Sur X, l’ONG Justicia 11J, basée hors de l’île, a fait part lundi soir de sa « préoccupation » et exigé de la « transparence » de la part des autorités cubaines. « Les témoignages reçus suggèrent que le nombre de prisonniers de droit commun libérés est plus élevé » que celui de prisonniers politiques, a fait savoir Justicia 11J, qui exhorte « les acteurs internationaux et les organisations de défense des droits de l’homme à agir de toute urgence et à exiger de l’Etat cubain la liste officielle des bénéficiaires ». Elle réclame notamment des « informations claires sur les critères de sélection et le respect des engagements pris devant la communauté internationale ».
Selon les chiffres officiels, environ 500 manifestants du 11 juillet 2021 ont été condamnés, parfois à des peines allant jusqu’à vingt-cinq ans de prison. Certains de ces manifestants ont été libérés après avoir purgé leurs peines.
Les organisations de défense des droits humains et l’ambassade des Etats-Unis sur l’île estiment à un millier le nombre total de prisonniers politiques à Cuba. Le gouvernement cubain nie l’existence de prisonniers politiques et accuse les opposants d’être des « mercenaires » à la solde des Etats-Unis.