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« Le nouveau pouvoir syrien serait bien inspiré de manifester clairement qu’il est d’accord pour rejoindre le combat contre le djihadisme »

- Monde
février 12, 2025

Pour la plupart des Syriens, la chute de Bachar Al-Assad, ou plutôt sa fuite éhontée, a représenté un moment de bonheur absolu. Le nouveau dirigeant, Ahmed Al-Charaa, impressionne par son charisme. Pour autant, le caractère imprécis de ses plans pour l’avenir et sa pratique du pouvoir pour l’instant très centralisée, voire autoritaire, inquiètent ; sans compter son passé djihadiste, bien sûr, et, au moins aux yeux d’une partie de la population, son orientation islamiste. Il ne dispose que d’une force en fait limitée – peut-être une trentaine de milliers d’hommes –, alors que des groupes armés plus ou moins alliés ou rivaux, en nombre très supérieur, quadrillent des pans entiers du pays.

Le premier enjeu de la transition en cours en Syrie a donc trait au rétablissement de la sécurité et de la stabilité sur l’ensemble du territoire. Le 29 janvier, devant une assemblée de groupes armés, le nouveau président syrien a annoncé leur dissolution – y compris celle de son propre mouvement, Hayat Tahrir Al-Cham – et leur refonte dans une armée nationale reconstituée. Il reste à voir comment et dans quels délais ces annonces pourront entrer dans les faits.

Pour l’instant, le risque d’un scénario à la libyenne ou à la soudanaise – une guerre entre factions paramilitaires soutenues par des acteurs étrangers – n’est pas totalement écarté. La question kurde revêt, à cet égard, une importance fondamentale. A travers les Forces démocratiques syriennes – soit environ 100 000 hommes –, les Kurdes tiennent le nord-est du pays. La Syrie ne retrouvera son équilibre – et n’éloignera la pression militaire turque sur le nord du pays – que si un compromis peut intervenir entre les Kurdes et le pouvoir de Damas.

Les observateurs attendent beaucoup la déclaration que doit faire, samedi 15 février, le leader turc du Parti des travailleurs du Kurdistan, Abdullah Öcalan. Celui-ci pourrait à la fois recommander un apaisement en Turquie et un retrait des cadres de son parti implantés dans l’appareil kurde syrien. Une fenêtre d’opportunité s’ouvrirait alors pour une réintégration des Kurdes syriens dans l’ensemble national.

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