Le cessez-le-feu laborieusement négocié à Gaza entre Israël et le Hamas à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump aborde une étape délicate. Il s’agit du passage à une seconde phase qui doit permettre la libération de tous les otages israéliens capturés lors des massacres commis le 7 octobre 2023 au cours de l’opération terroriste du Hamas, et encore aux mains des miliciens palestiniens.
Il en reste environ une soixantaine, sans que l’on sache avec précision combien de personnes mortes pendant cette période y figurent, comme Shiri Bibas et ses deux enfants, Ariel et Kfir, âgés de 4 ans et de 8 mois au moment de leur enlèvement, et dont les corps enfin rendus devaient être portés en terre le 26 février après un dernier hommage national. Ces libérations tant espérées doivent s’accompagner de l’achèvement du retrait de l’armée israélienne en dehors de l’étroite bande de terre frappée par les bombardements les plus massifs de l’histoire du conflit israélo-palestinien.
Il faut impérativement réussir la transition vers cette seconde phase à laquelle l’extrême droite israélienne se dit opposée. Les otages ont subi un calvaire qui n’a que trop duré avant de pouvoir espérer retrouver leurs familles. Les Palestiniens de Gaza doivent également renouer avec un calme durable après des mois de terreur et d’interminables déplacements forcés, même si cela s’accompagne d’une vie des plus précaires parmi des champs de ruines.
La prise d’otage constitue un crime de guerre qui ne cesse de prolonger les atrocités commises le 7-Octobre. Le Hamas et les autres milices à la manœuvre l’ont encore aggravé en soumettant à chaque fois les personnes relâchées, parfois durement marquées par les privations, à d’insupportables et inacceptables mises en scène au cours desquelles elles sont contraintes à rendre hommage à leurs geôliers. Le Hamas a poussé encore plus loin la cruauté en filmant et en diffusant les images d’otages regardant les dernières libérations, le 22 février, usant de leur légitime et poignant désarroi comme moyen de pression sur les autorités israéliennes.
Logique mortifère
Ce cynisme, cette absence totale d’humanité de la part du Hamas attestent de son enfermement dans une logique mortifère, imposée également à la population de Gaza. Cette dernière, plus que jamais sous son joug, peut mesurer dans sa chair les conséquences de l’attaque terroriste du 7-Octobre qui avait tué 1 215 personnes côté israélien. Certes, l’armée israélienne a été incapable de détruire entièrement le mouvement armé, malgré les coups particulièrement sévères qui lui ont été portés. Il s’agissait d’un objectif inatteignable en dépit des promesses de la coalition que dirige Benyamin Nétanyahou.
Mais le nombre de morts palestiniens, estimé à plus de 48 300, majoritairement des civils, selon les décomptes jugés fiables par les Nations unies, est sans précédent dans l’histoire de ce conflit. Tout comme l’ampleur des destructions dans un territoire qui restera étroitement contrôlé par Israël et dont la reconstruction relèvera de la gageure diplomatique et financière. Les nombreux prolongements directs et indirects de la guerre de Gaza, de l’affaiblissement de la milice chiite libanaise du Hezbollah au renversement du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, ont aussi renforcé la main d’Israël au niveau régional, soit le résultat diamétralement opposé à celui qui était attendu par le Hamas. De tout cela, ce dernier devra rendre des comptes à ceux qu’il prétend défendre.