Un pays plongé dans le noir. Le soir, il suffit de faire un pas de côté, de s’éloigner des quelques artères commerçantes de la capitale syrienne pour être gagné par l’obscurité. De même qu’à Damas, des quartiers entiers d’autres grandes villes comme des villages plus reculés sont avalés par la nuit sitôt le jour parti. Là, les silhouettes des passants, les murs et les rues ne se dessinent plus qu’à la lueur des phares de voiture : la faute en revient à une pénurie générale d’électricité.
Deux mois après la chute de la dynastie des Al-Assad et l’arrivée au pouvoir de la coalition rebelle emmenée par les islamistes du groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), les nouvelles autorités, confrontées au défi colossal de la reconstruction d’un pays ravagé par quatorze années de guerre, doivent faire face à une première urgence : rétablir l’électricité, alors que la plupart des habitants en sont privés et que l’Etat en limite la distribution à deux heures par jour aux régions raccordées au réseau.
Au ministère de l’électricité, où de grandes maquettes de projets de centrales électriques jamais aboutis accueillent le visiteur, on ne cache pas une forme d’impuissance face à l’ampleur de la crise. « Les stations de production d’eau potable et les infrastructures médicales sont prioritaires, elles doivent être alimentées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est une question de vies humaines. Tout le reste passe après. Y compris les bâtiments gouvernementaux », explique d’emblée Khaled Aboudei, chargé de la production et de la distribution de l’électricité dans le pays et de fait numéro 2 du ministère, dont des couloirs entiers sont plongés dans une pénombre hivernale, faute d’éclairage.
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