C’était en 2004. SpaceX avait besoin d’une pièce mécanique pour diriger l’étage supérieur de sa fusée Falcon 1. L’un des ingénieurs de l’entreprise cherche un fournisseur et revient avec un devis de 120 000 dollars (114 000 euros). Son patron, Elon Musk, ricane : « Ce n’est pas plus difficile à faire qu’une poignée de porte de garage. Vous avez un budget de 5 000 dollars. » In fine, raconte l’écrivain et journaliste Ashlee Vance dans sa biographie Elon Musk (Eyrolles, 2016), l’ingénieur réussit à concevoir une pièce à 3 900 dollars. « OK », commenta Elon Musk. L’épisode résume la philosophie du multientrepreneur lorsqu’il tente de s’attaquer à l’Etat fédéral.
Le libertarien n’est pas dans la technique du rabot, utilisée péniblement par la plupart des gouvernements pour réduire les dépenses. Il est dans le sabrage des coûts, celui qui a permis à SpaceX d’écraser la concurrence. Il entend appliquer le concept du « budget à base zéro » : toutes les dépenses sont annulées et l’on reconstruit ce qui apparaît indispensable. C’est ce qu’il a fait avec Twitter, devenu X, en supprimant 75 % des effectifs à son arrivée. C’est aussi ce que fait le président argentin, Javier Milei.
Elon Musk vise trois objectifs à la fois : une purge politique de l’administration jugée inféodée aux démocrates, le renforcement du pouvoir présidentiel sous le couvert de rendre ses prérogatives au Congrès et la réalisation d’économies dans un pays aux déficits hors de contrôle. Les deux premiers points ont été amplement documentés avec la fin de l’Agence américaine pour le développement international et les purges au FBI. L’opération d’amaigrissement se veut révolutionnaire. Il s’agit de réformer de fond en comble l’administration fédérale, grâce à l’intelligence artificielle (IA).
Ses détracteurs ont beau jeu de lui reprocher – à juste titre – ses conflits d’intérêts. Ils dénoncent aussi sa méthode, consistant à aller fouiller avec des informaticiens de génie dans les fichiers de l’administration américaine. En vertu de quoi Donald Trump, chef de l’exécutif, n’aurait-il pas le droit d’ordonner un audit ?
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