La ministre du travail, Catherine Vautrin, assure que patronat et syndicats auront toute latitude pour négocier sur la réforme des retraites, à quelques jours de l’ouverture d’une concertation sur le sujet. « Nous avons décidé de ne pas interférer », déclare-t-elle dans un entretien à paraître, dimanche 23 février, dans la Tribune Dimanche, promettant que le gouvernement allait « donner une feuille blanche aux partenaires sociaux ». « Cela va se décliner très concrètement : nous ne serons pas présents pendant les négociations afin de laisser aux partenaires sociaux une totale liberté dans les échanges et les idées », promet la ministre.
Des négociations vont s’ouvrir jeudi entre patronat et syndicats pour amender la très contestée réforme de 2023, qui avait fait passer de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite. Les négociations entre partenaires sociaux, à qui le gouvernement laisse jusqu’à « début juin », s’annoncent ardues, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut lui toute augmentation de sa contribution financière.
« La balle est dans leur camp », insiste Mme Vautrin, réitérant à plusieurs reprises son souhait de ne pas préempter les négociations. La ministre se garde ainsi de prendre position sur plusieurs pistes, dont l’introduction d’une dose de capitalisation, une indexation de l’âge de départ sur l’espérance de vie ou une plus grande contribution demandée aux retraités actuels. « Notre seul objectif est de trouver les moyens d’aller vers l’équilibre financier », affirme-t-elle.
La ministre se refuse par ailleurs à considérer que le rapport de la Cour des comptes sur l’état financier du système des retraites, publié jeudi, constitue un désaveu pour le premier ministre, François Bayrou. La Cour des comptes a évoqué un tableau « préoccupant » mais a évalué le déficit à une quinzaine de milliards d’euros en 2035, alors que M. Bayrou avait évoqué plus d’une cinquantaine de milliards. « Le premier ministre a alerté sur le déficit de notre système de retraite, et ce constat est manifestement partagé par la Cour », juge Mme Vautrin.