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90% des jeunes médecins envisagent d’émigrer

- Tunisie
février 06, 2025

 

Le vice-président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), Baha Eddine Rabii, a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi 5 février 2025 sur l’exode massif des médecins tunisiens. Il a révélé que 90 % des jeunes praticiens « envisagent ou souhaitent quitter le pays ».

« La migration est devenue une réalité incontournable pour les médecins. La principale motivation est l’amélioration de la qualité de vie, et on ne peut le reprocher à personne. Les conditions de travail, souvent précaires dans de nombreux services hospitaliers, les poussent également à partir », a-t-il expliqué.

Il a souligné qu’après sept années d’études et de stages, un jeune médecin perçoit un salaire mensuel de 1.200 à 1.300 dinars, avec des gardes rémunérées à seulement 1,1 dt de l’heure, lorsqu’elles sont payées. « Deux tiers des hôpitaux ne versent pas les indemnités de garde aux jeunes médecins, alors que ces derniers effectuent des semaines de travail pouvant atteindre 80 à 90 heures, bien au-delà des 48 heures légales. À cela s’ajoutent les agressions, qui se sont multipliées après la révolution. Face à ces difficultés, il est logique que les jeunes médecins, dès la fin de leur spécialité, cherchent de meilleures conditions ailleurs », a-t-il déploré.

L’OTJM reste en contact permanent avec le ministère de la Santé afin de trouver des solutions et de freiner ce phénomène, perçu comme une menace pour la sécurité nationale. « Il est urgent d’agir sur les causes profondes, et non d’instaurer des mesures coercitives. Nous avons rencontré le ministre et espérons que la situation s’améliorera progressivement », a conclu Baha Eddine Rabii.

Le secrétaire général de l’Ordre des médecins de Tunisie, Nizar Ladhari, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en annonçant qu’en 2024, 1.400 médecins avaient quitté le pays. Entre 2020 et 2023, près de 4.000 médecins ont émigré, dont 80 % de jeunes praticiens. Ce phénomène ne concerne pas seulement les nouveaux diplômés, mais aussi de nombreux médecins seniors. L’Ordre des médecins ne cesse de mettre en garde contre cette hémorragie, qui menace à terme l’effondrement du système de santé tunisien.

 

 

M.B.Z