Le Comité contre la criminalisation de la solidarité a publié, lundi 3 mars 2025, un communiqué exprimant son indignation profonde face à la prolongation de la détention de plusieurs activistes engagés dans la défense des droits des migrants.
Le comité cite notamment Ikbel Khaled, ancien maire de Sousse, Imen Ouardani, ancienne conseillère municipale, Sherifa Riahi, ancienne directrice exécutive de l’Association Tunisie Terre d’Asile, ainsi que Mohamed Jouou et Yadh Boussalmi, tous incarcérés en raison de leur action humanitaire envers les migrants.
Il souligne que la persécution des militants de la société civile, en particulier ceux qui défendent les droits des migrants, se poursuit sans relâche. Il précise que, malgré les résultats des expertises financières ayant officiellement démontré l’absence de toute accusation liée à l’enrichissement illégal ou au blanchiment d’argent, l’injustice à leur encontre perdure.
« Les rapports financiers détaillés ont confirmé l’innocence des militants détenus, injustement accusés de pratiques financières douteuses dans le but de ternir leur réputation et de nuire à leur travail humanitaire. Malgré ces révélations, la persécution et les représailles se poursuivent dans une tentative claire de les dissuader de poursuivre leur lutte pour les droits humains. Ce traitement vise aussi à envoyer un message de terreur aux autres défenseurs des droits humains en Tunisie », affirme le comité.
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, après l’effondrement de l’accusation officielle, qui reposait sur des soupçons financiers et des allégations de financements étrangers massifs, de nouvelles accusations ont été fabriquées ».
Il s’agit désormais, rappelle l’organisme, d’accusations « d’aide directe ou indirecte à un étranger », de « facilitation de son séjour illégal en Tunisie » et « d’hébergement de personnes entrées illégalement sur le territoire tunisien ».
« La décision de la chambre d’accusation a clairement établi que ces affaires sont exclusivement liées à l’engagement humanitaire et que tous les accusés sont jugés uniquement pour leur activité civique. Toute la narration officielle sur laquelle ces accusations reposaient a donc été invalidée », a-t-il enfin assuré.
Le 26 février 2025, la demande de libération de Sherifa Riahi ainsi que celles des autres accusés dans le cadre de la même affaire ont été rejetées.
Ces militants ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur la location d’hôtels pour l’hébergement de migrants subsahariens. À l’époque de son arrestation, Sherifa Riahi était en congé de maternité et a été séparée de son bébé âgé de seulement deux mois.
Ces arrestations s’inscrivent dans une série de mesures prises par les autorités contre les organisations impliquées dans l’aide humanitaire aux migrants. Le discours officiel accuse ces associations de mener un « complot visant à modifier la composition démographique » du pays, des propos qui ont vivement choqué les défenseurs des droits humains.
M.B.Z