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des ONG dénoncent une dérive fasciste

- Tunisie
février 17, 2025

Fatma Mseddi et le contrôle des naissances des migrantes : des ONG dénoncent une dérive fasciste

 

Plus d’une vingtaine d’associations et de militants ont réagi aux récentes déclarations de la députée Fatma Mseddi et ont appelé à ne pas faire de « la maternité un espace de racisme ». L’élue avait demandé à trouver une solution pour stopper les naissances d’enfants de migrants subsahariens. Les associations ont qualifié ces propos de discours fasciste.

 

Dans un communiqué publié le 17 février 2025, les associations et militants ont mis en garde contre ce type de discours, estimant qu’il incitait à la haine et à la peur. De tels propos, selon eux, ouvrent la voie aux approches les plus extrémistes et racistes de l’histoire de l’humanité.

« Nous sommes aujourd’hui face à un discours appelant à contrôler les naissances des femmes migrantes, marginalisées par l’État, d’une façon radicale, ce qui fait craindre des pratiques similaires à celles des forces coloniales et fascistes, à travers la stérilisation forcée des femmes du Sud et de celles appartenant à des minorités raciales ou religieuses », a ajouté la même source.

 

Le communiqué cite l’exemple de la stérilisation forcée de femmes dans les centres de migrants aux États-Unis. Il s’agit de pratiques qui ont provoqué une onde de choc tant au niveau local qu’international, car elles constituent des atteintes aux droits humains et à l’intégrité corporelle.

Les signataires du communiqué ont dénoncé le discours de la députée Fatma Mseddi, qui bénéficie d’une immunité parlementaire empêchant toute poursuite en justice. Selon eux, ses propos menacent l’avenir de la Tunisie et vont à l’encontre de son héritage historique fondé sur le pluralisme et le respect des différences.

 

Le communiqué rappelle également la promulgation, en 2018, de la loi relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Celle-ci définit la discrimination raciale comme toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique, ou toute autre forme de discrimination raciale au sens des conventions internationales ratifiées. Elle interdit toute pratique entravant l’égalité des droits et libertés ou imposant des charges supplémentaires sur cette base.

« Construire une société affranchie de toute exploitation, dépendance, racisme et vestiges colonialistes, et reposant sur les valeurs de liberté, de justice, de soutien aux causes de libération et de défense des victimes du colonialisme, du racisme et de la haine, nous oblige tous à nous opposer aux discours racistes, sexistes et discriminatoires. Dans ce cadre, nous tenons l’État responsable du respect de la loi n°50 de 2018 et de la mise en place de politiques garantissant la prévention de toutes les formes de racisme. Nous insistons également sur l’importance de lutter contre les stéréotypes raciaux dans tous les milieux et de renforcer la culture des droits humains, de l’égalité et de la dignité pour tous, tout en garantissant la fin de l’impunité pour les crimes racistes », poursuit le communiqué.

 

Les signataires dénoncent les propos de la députée et affirment que le racisme ne peut en aucun cas être considéré comme une simple opinion. Ils appellent l’État à ne pas rester passif face aux discours racistes et fanatiques qui portent atteinte à la dignité des personnes, prônent la discrimination et méprisent les populations marginalisées. Selon eux, bâtir une société rejetant toute forme de racisme et de haine est une responsabilité collective qui exige une position claire et ferme de la part de tous.

 

Les signataires du communiqué sont : Kalam, Al Bawsala, le Forum tunisien des Droits économiques et sociaux, Pas de Paix sans Justice, la Coalition tunisienne contre la peine de mort, Dar el-Umuma, Legal Agenda, Nachez, Damj, le Comité national de défense des libertés et de la démocratie, la Fédération des tunisiens citoyens des Deux Rives, la Commission pour le respect des libertés et des Droits humains en Tunisie, ainsi que les militants Henda Chennaoui, Fatma Asma Mootamri, Romdhane Ben Amor, Najet Zammouri, Insaf Machta, Ines Tlili, Aroua Baraket, Sami Bargaoui, Laila Riahi, Saif Ayadi, Ala Talbi, Yassine Nabli, Olfa Lamloum et Chaima Bouhlel.

 

s.G