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Dossier vide, haine intacte : les zélateurs en transe

- Tunisie
mars 07, 2025

 

Plus personne ne pourra désormais dire « je ne savais pas ». Avec l’ouverture du procès de la fameuse affaire dite de complot contre la sûreté de l’État, les détails du dossier ont pu être divulgués. La censure du pouvoir n’est plus de mise. L’interdiction du traitement médiatique de l’affaire, c’est fini ! L’heure de vérité, pour ceux qui daignent encore la voir, est arrivée. Place aux péripéties qui ont conduit plus d’une quarantaine de personnes devant les tribunaux et à l’incarcération de personnalités politiques depuis plus de deux ans. Tous sont accusés des pires méfaits, passibles de la peine capitale.

 

Une farce sans finesse

Sachant que plus rien ne contiendrait la déferlante d’informations avec l’ouverture du procès, le pouvoir, via ses propagandistes, a bien tenté une frappe préventive à peine quelques jours avant la première audience. L’idée était d’orienter l’opinion publique dans le sens du narratif officiel. Une manipulation grossière, destinée à ancrer dans les esprits la culpabilité des accusés, peu importe les moyens employés, aussi vils soient-ils, et les contrevérités martelées par des thuriféraires aux ordres.

Mais cette semaine, le rapport de clôture de l’instruction a circulé massivement sur les réseaux sociaux tunisiens. Chacun pouvait le consulter, décortiquer ses absurdités et juger par lui-même. Les familles des détenus, vent debout, ont démonté une à une les charges retenues, exposant à la face du pays l’ampleur du scandale et l’énormité de l’injustice subie par leurs proches.

Désormais, les failles abyssales du dossier ne sont plus un secret. L’absurdité de certaines « preuves » saute aux yeux. Le caractère foncièrement politique de l’affaire n’a plus besoin d’être démontré. Il est criant pour quiconque possède encore un soupçon de lucidité. Mais pour les autres, les lobotomisés du régime, c’est une autre histoire.

 

Propagandistes enragés, cervelles débranchées

Eux aussi sont de sortie, furieux, vociférants. Ils gesticulent, éructent, réclament des têtes. Que la montagne d’irrégularités soit béante ne les dérange pas. Que l’accusation repose sur du vent ne les trouble guère. Comprendre quoi que ce soit à l’affaire ? Inutile. Ils sont conditionnés, abreuvés depuis plus de deux ans d’un délire complotiste savamment entretenu pour alimenter leur haine et leur besoin viscéral de persécuter.

Et cette haine, cette semaine, a été soigneusement nourrie par les pires d’entre tous : les propagandistes, les zélateurs du régime. Ces individus en mission, ces larbins sans scrupule, ont redoublé d’acharnement. Insultes, diffamations, méthodes aussi lâches qu’ignobles… On retrouve là les vieilles pratiques du régime de Ben Ali. Tout y passe : salissures ciblées, accusations fumeuses, insinuations abjectes. Rien n’est trop bas pour ces mercenaires de la désinformation.

Si les relais du pouvoir en sont réduits à cette fureur, c’est peut-être parce qu’ils savent qu’ils perdront tôt ou tard la bataille de la crédibilité.

 

En roue libre

Faute de pouvoir défendre indéfiniment un dossier qui s’effondre sous son propre poids, ces énergumènes font évoluer leur stratégie. Désormais, il ne s’agit plus seulement d’accuser les détenus de complot, mais de réclamer leur condamnation malgré tout. Pourquoi ? Parce qu’ils sont tout simplement des adversaires politiques. Et dans cette optique là, peu importe la présomption d’innocence. Peu importe l’absence de preuves. Peu importe que la mascarade judiciaire soit flagrante. L’essentiel est d’éliminer ces voix dissidentes, par n’importe quel moyen.

Ces fanatiques assument ouvertement leur inclination fascisante appelant encore et encore les autorités à broyer les accusés et tout opposant. Sans gêne, sans détour, ils réclament de persécuter davantage. Mais dans leurs éructations, ils s’égarent. En réclamant eux-mêmes une justice aux ordres, ils avouent, sans même s’en rendre compte, que l’indépendance judiciaire est une chimère. Ils ruinent en un post Facebook la propagande qu’ils s’échinent à défendre.

Par dessus tout, ces inquisiteurs modernes se dévoilent au grand jour : des larbins de l’autoritarisme, des aficionados du pouvoir absolu, des partisans d’une justice aux bottes. Des individus pour qui l’injustice n’est pas un problème, tant qu’elle s’exerce contre leurs adversaires. Pour eux, la vérité n’a pas d’importance. Seule compte l’élimination de ceux qui pensent autrement. Cependant, il y a une règle assez connue : ceux qui soutiennent l’injustice aujourd’hui risquent un jour de la subir eux-mêmes.

 

L’histoire jugera. Et il viendra un jour où ces mêmes inquisiteurs chercheront, piteusement, à faire oublier leur rôle dans cette farce judiciaire. Mais les archives sont tenaces. Et cette fois, espérons-le, nombreux seront ceux qui n’oublieront pas qui étaient les bourreaux et qui étaient leurs victimes.