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Entre le nord et le sud de Gaza, des agents égyptiens et américains inspectent les véhicules

- Tunisie
février 11, 2025

Entre le nord et le sud de Gaza, des agents égyptiens et américains inspectent les véhicules

 

Au carrefour de Netzarim, sur la route Salaheddine reliant le nord et le sud de la bande de Gaza, des agents de sécurité américains et égyptiens armés ont remplacé les soldats israéliens et inspectent les véhicules.

Lundi matin, le trafic avance lentement avant d’atteindre le poste de contrôle de cette intersection appelée aussi carrefour des Martyrs par les Palestiniens, au sud de Gaza-ville, et d’où les forces israéliennes se sont retirées la veille.

Des déplacés remontent encore par milliers du sud vers le nord de la bande de Gaza. Les agents américains et égyptiens sont certes « respectueux« , mais imposent au carrefour des contrôles « lents et éprouvants« , raconte Ahmed Al-Rai, 50 ans.

Et s’il se réjouit d’une « avancée positive« , il espère que le passage sera « entièrement ouvert, sans fouilles par les Américains, car l’inspection de chaque véhicule prend vingt minutes« .

Lui a dû attendre cinq heures avant que son tour n’arrive, comme il le relate à l’AFP.

Une source au ministère de l’Intérieur du Hamas a confirmé à l’AFP que, « conformément à l’accord de trêve entre le Hamas et Israël, des agents de sécurité américains et égyptiens sont présents au carrefour« .

Un cadre du Hamas avait précisé ces dernières semaines à l’AFP que des sociétés de sécurité privées américaines et égyptiennes superviseraient l’application de l’accord de trêve, entré en vigueur le 19 janvier.

Le site américain Axios avait lui rapporté, le 23 janvier, que des sociétés américaines privées commenceraient « à travailler à un poste de contrôle clé dans la bande de Gaza (…) pour fouiller les véhicules palestiniens » et que « des agents armés seraient déployés dans le territoire« .

Il précisait que ces sociétés opéreraient dans le cadre d’une coalition internationale prévue par l’accord de trêve, avec le soutien des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte, les trois pays médiateurs.

 

 

 « Pas de police » 

La source du ministère de l’Intérieur de Gaza a précisé qu’« il n’y a(vait) pas de police palestinienne » des deux côtés de l’intersection de Netzarim. Elle a ajouté que « les forces israéliennes ne sont pas non plus présentes » sur Salaheddine, « mais des véhicules blindés se trouvent à quelques centaines de mètres à l’est du carrefour« .

Des centaines de voitures, camions, charrettes ou tuk-tuks avancent lentement vers le point de contrôle. Les véhicules, pour la plupart anciens et parfois en piteux état, sont chargés de bagages, matelas et objets divers, sur une route de terre étroite et délabrée.

Au milieu de cet embouteillage, rendu encore plus difficile par les pluies, se trouvent des véhicules du Croissant-Rouge et des camions de carburant.

L’accord de trêve a permis l’entrée en vigueur le 19 janvier d’un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas après 15 mois d’une guerre ayant dévasté la bande de Gaza.

L’accord prévoit dans sa première phase (devant s’achever le 1er mars) la libération de 33 otages israéliens captifs à Gaza contre celle d’environ 1.900 Palestiniens détenus par Israël, le retrait des forces israéliennes des zones habitées de la bande de Gaza ainsi qu’un afflux d’aide humanitaire dans le petit territoire palestinien.

 

 « Liberté de circulation » 

Maïn Abbas, un habitant de Gaza-ville âgé de 46 ans, espère lui aussi que la route Salaheddine sera entièrement ouverte, sans inspections.

Pour l’heure, les priorités sont « la liberté de circulation, le calme, l’acheminement de nourriture, la réhabilitation des hôpitaux, la réouverture des écoles et l’installation de tentes ou de caravanes pour l’hébergement, pour permettre un retour progressif à la vie normale », énumère-t-il.

Le 27 janvier, après le deuxième échange de prisonniers dans le cadre de la trêve, l’armée israélienne avait fait sauter le verrou hermétique qu’elle maintenait entre le nord et le sud de la bande de Gaza sur un axe est-ouest au niveau du carrefour de Netzarim, entraînant le retour de centaines de milliers de déplacés vers le nord.

En vertu de l’accord de trêve, la circulation est désormais autorisée dans les deux sens sur Salaheddine au niveau du carrefour de Netzarim, à la suite du cinquième échange de prisonniers, ayant eu lieu samedi.

Rafat al-Hassanat, 27 ans, est retourné avec sa femme et sa fille chez lui, au sud-ouest du carrefour des Martyrs, mais il a passé la nuit dans une tente à côté de sa maison détruite.

« Nous voulons que les points de passage soient ouverts normalement« , dit-il, en critiquant la proposition du président américain Donald Trump de déplacer les habitants de Gaza.

« S’il veut vraiment nous aider, il doit exiger d’Israël de retirer ses forces, ouvrir les points de passage et reconstruire Gaza. Nous voulons la fin de l’occupation de Gaza« , lâche-t-il.

 

© Agence France-Presse