Ridha Chkoundali : la Tunisie applique une politique d’austérité sur les importations
Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, a indiqué que les chiffres présentés dans le rapport sur l’exécution provisoire du budget de l’État à fin novembre 2024 reflétaient un recours à une limitation des importations. Il a estimé que cette politique empêchait le pays de réaliser une bonne croissance économique.
Intervenant le 3 février 2025 dans EcoMag de Rim Saaidia sur Express FM, Ridha Chkoundali a affirmé que seulement 803,8 millions de dinars sur les 3.591 millions initialement prévus dans le budget de l’État avaient été dépensés pour les compensations. Pour ce qui est des combustibles, le budget prévoyait une enveloppe de 7.086 millions de dinars, mais seuls 3.970,5 millions ont été dépensés. L’expert en économie a précisé que les dépenses en compensations des transports avaient atteint 682,3 millions de dinars, dépassant les 660 millions initialement prévus.
« Cet écart dans les dépenses se justifie par trois éléments. En premier lieu, les prix des produits de base et des combustibles étaient inférieurs à ceux prévus dans les estimations budgétaires. En deuxième lieu, il y a eu un recul des importations, soit une politique d’austérité dans ce domaine. Les chiffres de l’Institut national de la statistique évoquent une baisse de 7,5% des importations de produits agricoles et alimentaires. Concernant les combustibles, il n’y a pas eu de recul. En troisième lieu, les compensations dédiées aux entreprises chargées de la distribution, telles que l’Office national des céréales, n’ont pas été versées dans leur intégralité », a-t-il déclaré.
Ridha Chkoundali s’est interrogé sur un possible report du versement des compensations aux entreprises chargées de la distribution des produits subventionnés. Il a expliqué que le rapport sur l’exécution provisoire du budget à fin 2024 permettrait d’apporter des réponses claires à ces questions. L’expert en économie a également estimé que le gouvernement appliquait en partie le programme présenté en 2022 au Fonds monétaire international (FMI), bien que celui-ci n’ait pas abouti à un accord. Il a assuré que la masse salariale rapportée au PIB du pays avait reculé de près de 2%.
« Nous devrions parvenir à un accord avec le FMI, dont le taux d’intérêt est le plus faible. Néanmoins, nous ne sommes pas en mesure d’atteindre un taux de croissance supérieur à 1%. Ce gouvernement est le pur produit de l’administration. Si l’un des objectifs fondamentaux de la loi de finances 2025 est la réduction de la masse salariale par rapport au PIB, cela signifie la poursuite de la même stratégie. Le président de la République, Kaïs Saïed, a appelé à réfléchir en dehors des cadres établis. Nous avons eu cinq gouvernements successifs. Peut-être que le chef de l’État n’est pas satisfait de leurs politiques », a-t-il poursuivi.
Ridha Chkoundali a indiqué que compter sur soi signifiait s’appuyer sur les revenus fiscaux de l’État, à condition de réaliser une bonne croissance économique. Il a estimé que la Tunisie avait peu de chances d’atteindre un taux de croissance de 3,2% en 2025. L’expert en économie a enfin assuré que la politique d’austérité appliquée aux importations nuisait à la croissance économique du pays.
S.G