Une publication de la page Facebook « Les Beaux Rêves » en date du 15 février 2025 a suscité des débats animés en Tunisie. Le post prétendait que la Tunisie s’apprêtait à autoriser les hommes à épouser une deuxième épouse, une pratique interdite dans le pays depuis 1956. Cette affirmation a provoqué de vives réactions, certains accueillant favorablement ce prétendu changement, tandis que d’autres le critiquaient comme un recul pour les droits des femmes.
En enquêtant sur la source de cette allégation, nous avons découvert que la même information avait circulé en 2022, avec des termes identiques. Cela suggère que l’allégation est recyclée sans aucun fondement factuel. La page Facebook partageant cette information n’a fourni aucune source crédible ni référence à des documents officiels ou à des déclarations des autorités tunisiennes.
La Tunisie a longtemps été une pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes. Le Code du statut personnel, promulgué le 13 août 1956, interdit d’indiquer la polygamie. L’article 18 du Code stipule : « Quiconque se marie alors qu’il est déjà dans une union matrimoniale […] sera puni d’un an d’emprisonnement et d’une amende. » Cette loi reste en vigueur aujourd’hui, et aucune proposition officielle ou modification législative n’a été envisagée pour la modifier.
Nous avons examiné les récents projets de loi et de réformes en Tunisie, y compris ceux liés au droit de la famille, et n’avons trouvé aucune mention de changements concernant l’interdiction de la polygamie. Les médias officiels et les déclarations gouvernementales n’ont pas non plus rapporté de telles évolutions.
Aucun responsable gouvernemental ou représentant du ministère de la Femme, de la Famille ou de la Justice n’a fait d’annonce concernant la légalisation de la polygamie. L’allégation semble être entièrement fabriquée.
Notons que la dernière réforme du Code du statut personnel remonte au 6 mars 2006, avec la loi n°2006-10 publiée au Jort n°20 du 10 mars 2006. Cette réforme a accordé aux grands-parents un droit de visite en cas de décès de l’un des parents de l’enfant.
L’allégation selon laquelle la Tunisie s’apprêterait à autoriser la polygamie est donc infondée et ne repose sur aucun élément réel. Les lois du pays interdisant la polygamie restent inchangées, et aucune discussion officielle ou effort législatif n’a été entrepris pour modifier cette position.
R.A.