Le soir du mardi 4 mars 2025, au premier jour de l’audience de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État, Elyes Chaouachi, fils du détenu politique Ghazi Chaouachi, a partagé un message poignant sur les réseaux sociaux.
« La prison est devenue tolérable, nos cœurs se sont endurcis et les jours se sont figés… »
Il évoque sa famille, où la justice n’a jamais été qu’un simple métier, mais une valeur fondamentale. Son père, avocat, défend les droits des gens ; sa mère, juge, a toujours œuvré avec rigueur et équité. Ils lui ont inculqué la croyance que la justice est une mission bien plus qu’un gagne-pain. Pourtant, ce qu’il a vu aujourd’hui n’avait rien à voir avec les principes qu’on lui avait transmis.
« Le tribunal, aujourd’hui, m’a rappelé Gaza… La maison de la justice s’est transformée en un bastion de résistance contre une machine d’oppression aveugle et insensée. »
Lors de l’audience, les détenus, y compris son père, n’étaient pas présents. On les avait tenus à l’écart. « Ils ont eu peur d’eux, même enchaînés depuis plus de deux ans… », écrit-il, notant l’absurdité d’accusations qui font d’eux une menace alors qu’ils sont privés de toute liberté. Il en est convaincu : ce n’est pas leur présence qui effraie, mais la vérité qu’ils portent, une vérité plus forte que tous les mensonges qu’on tente d’imposer, le souligne Elyes Chaouachi.
Puis, il parle de sa mère, cette fois assise parmi le public. « Elle a laissé son siège de juge, large et imposant, aux exécutants des ordres et a choisi de défendre son compagnon de toujours et les opprimés, avec une voix forte, un visage découvert, de la fierté, du pacifisme, de l’honneur… et beaucoup d’espoir en un avenir meilleur. »
Il lui exprime son admiration, fier de sa force et de son courage. Peut-être, se demande Elyes Chaouachi, qu’un jour les rôles s’inverseront ? Que les véritables responsables de cette injustice comparaîtront devant elle pour un jugement équitable, cette fois en présence des accusés, dans un procès où la justice retrouvera son sens.
Enfin, il rend hommage à ceux qui, aujourd’hui, ont tenu tête à l’injustice. « C’était une véritable épopée juridique et humaine ! » Car ce jour restera dans l’histoire, affirme-t-il. Il marque peut-être le début de l’affaire la plus importante de la justice tunisienne contemporaine.
Et Elyes Chaouachi conclut, résolu : « La liberté ne s’offre pas, elle s’arrache. »
La première audience de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État a pris fin dans l’après-midi. Les débats se sont largement concentrés sur la demande insistante des avocats pour la comparution physique des détenus, leur procès se tenant à distance par décision, très contestée, de la justice.
La défense a également déposé aujourd’hui des demandes de libération, qui ont toutes été rejetées. L’audience a été reportée au 11 avril prochain.
M.B.Z