« Cent mille kamikazes » et droits de lHomme : le communiqué du MAE sous le feu des critiques
Le communiqué publié hier soir par le ministère tunisien des Affaires étrangères a suscité de nombreuses réactions sur la scène nationale. Plusieurs personnalités politiques et figures médiatiques ont critiqué le ton et le contenu du texte adressé au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.
Le journaliste Haythem El Mekki s’est interrogé sur l’origine de la mention des « 100.000 kamikazes » dans le communiqué du ministère. Selon lui, ce nombre remonterait à une déclaration attribuée à l’ancien ministre de la Justice, Nourreddine Bhiri, et rapportée en 2013 par le syndicaliste sécuritaire Walid Zarrouk. Il s’étonne que cette référence soit utilisée dans un document officiel adressé à une instance onusienne en 2025.
De son côté, Amira Mohamed, vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens, a critiqué la teneur du communiqué, remettant en question la crédibilité de son contenu. Selon elle, le texte comporte des inexactitudes et des informations erronées qui pourraient, en vertu du décret 54, être qualifiées de fausses nouvelles. Elle déplore également l’image négative que ce communiqué pourrait projeter de la Tunisie sur la scène internationale.
L’universitaire et analyste politique Adel Ltifi a, quant à lui, souligné une confusion dans le texte du ministère. Il rappelle que le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme n’est pas un chef d’État étranger et que son institution, relevant de l’ONU, a pour mission d’évaluer la situation des droits humains dans les pays membres, y compris la Tunisie.
Il critique par ailleurs le langage employé, qu’il juge inapproprié pour un document diplomatique, et estime que le communiqué risque d’aggraver la perception internationale de la Tunisie plutôt que de la défendre.
L’ancien député Hichem Ajbouni a réagi avec ironie à l’évocation des « 100.000 kamikazes », soulignant que même les groupes armés les plus organisés ne disposent pas d’un tel nombre de combattants.
L’ancien ministre Mohamed Abbou a, de son côté, dénoncé un communiqué reflétant une gestion « fondée sur les illusions d’un seul homme ». Il estime que la situation judiciaire en Tunisie est marquée par un blocage du système et une absence de garanties pour les citoyens. Selon lui, aucun communiqué ne pourra masquer cette réalité ni convaincre les instances internationales qu’il n’y a pas de violations des droits de l’Homme dans le pays. Il appelle à une réforme urgente pour éviter une détérioration plus grande de la situation nationale.
Ces réactions illustrent les tensions suscitées par la communication officielle du ministère des Affaires étrangères. Elles traduisent un scepticisme marqué de plusieurs figures publiques face à la position de l’État tunisien sur les questions des droits de l’Homme et des relations avec les instances internationales.
S.H