« Jai eu honte »: les mots de Ezzeddine Hazgui face aux conditions carcérales de son fils
Le militant de gauche Ezzeddine Hzagui a relaté, vendredi 10 janvier 2025, ses sentiments lors de la visite pour rencontrer son fils Jaouhar Ben Mbarek à la prison de Belli. M. Hzagui a fait part de son affliction de voir son fils détenu dans des conditions moyenâgeuses et du fait que lui-même ait accepté cette situation de fait accompli.
« Je l’ai vu… Il était tel que je l’ai toujours connu : patient, fier, défiant. Je l’ai vu derrière l’épaisse barrière de verre et je l’ai entendu… Je l’ai entendu me parler de la prison et de ses conditions, de son inquiétude pour les êtres chers pour le pays et de sa perdition. Je l’ai écouté à travers un téléphone contaminé par toutes sortes de microbes, et j’ai eu honte de moi…
J’ai eu honte…
Honte de moi, moi, le vieil homme octogénaire, qui ai toujours prétendu m’attacher fermement aux principes. J’ai accepté, j’ai cédé à ces conditions humiliantes et absurdes des visites carcérales. En vérité, j’ai ressenti un profond dégoût et un sentiment de régression.
J’ai accepté de rendre visite à mon fils dans des conditions moyenâgeuses misérables.
Et, alors que je l’écoutais, je me suis souvenu de lui, lorsqu’il avait quatre ans, lors de ses visites dans ma cellule à la prison de Borj Erroumi. À l’époque, il refusait catégoriquement de me parler à travers la barrière métallique. Il passait toute la visite à me regarder en silence…
Il est resté sur cette position de principe jusqu’à ce qu’on nous permette de nous rencontrer dans un bureau.
Ce jour-là, pour la première fois, il m’a parlé, il m’a posé des questions… ».
Dans son message tristement poignant, Ezzeddine Hazgui s’est interrogé sur les raisons l’ayant poussé à accepter cet état de fait : « Est-ce mon instinct paternel qui a pris le dessus sur les principes que j’aurais dû défendre, me conduisant à céder à cette situation absurde ? Ou ai-je simplement suivi le courant et accepté le fait accompli ? Et quelle tristesse que cette réalité… ».
Jaouhar Ben Mbarek est incarcéré dans le cadre de l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État. Plusieurs activistes politiques ont été placés en détention depuis février 2023. À ce jour, après plus de 600 jours de détention, ils restent emprisonnés.
R.B.H