Ramla Dahmani Accent a partagé un message poignant le 24 février 2025, exprimant sa douleur face à l’emprisonnement de sa sœur, l’avocate Sonia Dahmani. Elle évoque cette séparation comme un « cauchemar », particulièrement difficile à l’approche du mois de Ramadan.
Ramla Dahmani Accent décrit comment, pendant que les responsables et leurs familles se préparent à vivre le mois sacré, les détenues, comme sa sœur, sont privées de nourriture les week-ends. « Le mois sacré commence. Les geôliers, les bourreaux, les donneurs d’ordre seront chez eux, en famille. Ils vont faire leurs courses, remplir leurs maisons de nourriture, préparer les repas, se réunir autour des grandes tables, prier ensemble… rompre le jeûne », écrit-elle, en contraste avec le sort de sa sœur et des autres femmes emprisonnées qui devront jeûner sans rupture, sans la possibilité de rompre leur jeûne.
Elle détaille également le système cruel qui les prive de nourriture certains jours. « Nous avons le droit de leur emmener à manger cinq fois par semaine. Pas le samedi. Pas le dimanche. Ces jours-là, elles n’auront rien. Elles jeûneront en continu. », explique-t-elle. Elle souligne la précarité des autres femmes avec qui Sonia partage sa cellule, qui n’ont pas de famille proche pour les soutenir. Les autres détenues n’ont pas de « couffins », c’est la famille de Ramla qui prend en charge l’alimentation de ces femmes, malgré les obstacles.
Ramla Dahmani Accent dénonce aussi le manque de compassion des autorités. Les gardiennes étaient prêtes à accepter les colis alimentaires pendant le week-end, mais la direction des prisons a refusé. « Les chiennes enfermées ne sont pas leur problème. Qu’elles crèvent de faim, cela ne les empêchera pas de prier en toute bonne conscience », écrit-elle. Les responsables des prisons restent indifférents à la souffrance de ces femmes, et la situation ne change pas : « Ils prieront. Ils rompront leur jeûne en famille. Ils parleront d’honneur et de foi, pendant que des femmes qu’ils ont enfermées mourront à petit feu. »
Ramla évoque la résilience de sa sœur, qui, malgré la dureté des conditions de détention, garde espoir. « Sonia rêve de voir autre chose que ce mur gris qui bouche la vue de sa fenêtre. Elle rêve d’un arbre, de voir un arbre et le ciel. Et d’écouter de la musique », raconte-t-elle. Elle parle aussi d’un moment où Sonia a ri aux éclats en voyant un geste symbolique de son fils, Belhassen, qui a mimé un arbre à travers la vitre de la prison pour lui apporter un peu de joie.
Elle conclut : « Ils ont volé ma sœur. Ils ont amputé ma vie. Ils ont éteint une partie de moi. Depuis dix mois. Pour un mot. Un avis. Une vérité. » C’est ainsi qu’elle décrit cette épreuve, l’impact de l’injustice qu’elles vivent depuis dix mois. Elle exprime la douleur de vivre sans sa sœur, tout en soulignant que leur lien est plus fort que tout ce que les autorités peuvent leur infliger.
La chambre correctionnelle près de la cour d’appel de Tunis a confirmé, fin janvier, la condamnation de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, tout en réduisant sa peine d’emprisonnement de deux ans à un an et six mois.
Pour l’affaire “heyla lebled”, Sonia Dahmani avait écopé d’un an de prison en première instance. Sa peine avait ensuite été réduite en appel à huit mois de prison.
Sonia Dahmani est impliquée dans cinq affaires, toutes basées sur le décret 54 et liées à des déclarations médiatiques.
M.B.Z