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Quand les États défient les instances internationales sur les droits humains

- Tunisie
février 27, 2025

 

Les tensions entre certains États et les instances internationales concernant le respect des droits humains et des libertés fondamentales sont de plus en plus fréquentes. Alors que les organisations comme l’ONU, Amnesty International ou Human Rights Watch dénoncent des violations des droits, certains gouvernements perçoivent ces critiques comme une ingérence dans leurs affaires internes. Ces confrontations, souvent diplomatiques, ont des conséquences majeures sur la scène internationale.

 

Pourquoi certains États s’opposent aux instances internationales ?

Lorsqu’un pays est pointé du doigt pour des atteintes aux libertés fondamentales, plusieurs facteurs peuvent expliquer son rejet des critiques internationales :

La souveraineté nationale comme argument principal

De nombreux gouvernements estiment que les droits humains sont une question interne et que les instances internationales n’ont pas à interférer dans leurs politiques. Ils invoquent la souveraineté nationale pour justifier des lois restrictives, arguant qu’elles sont adaptées à leur contexte politique et social.

Exemple : La Chine rejette systématiquement les critiques sur la situation des Ouïghours au Xinjiang, affirmant qu’il s’agit de mesures de lutte contre l’extrémisme et non d’atteintes aux droits humains.

La répression politique sous couvert de sécurité nationale

Certains États utilisent la lutte contre le terrorisme, la stabilité nationale ou l’ordre public comme justification à la restriction des libertés d’expression, de la presse ou des droits politiques.

Exemple : En Russie, depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les lois sur la « désinformation » interdisent toute critique du gouvernement et des actions militaires, sous peine d’emprisonnement.

Le rejet des normes internationales

Certains États considèrent que les conventions et traités internationaux ne sont pas adaptés à leur culture, leur religion ou leur système politique. Ils refusent ainsi de se soumettre aux recommandations d’instances comme l’ONU ou la Cour pénale internationale.

Exemple : Plusieurs pays du Moyen-Orient ont refusé de signer des accords sur les droits des femmes ou des minorités, estimant que ces normes allaient à l’encontre de leurs traditions.

 

Des tensions qui se traduisent par des confrontations diplomatiques

Quand un État est dénoncé pour des violations des droits humains, les réactions peuvent être diverses :

Le rejet officiel des accusations

La réponse la plus courante est un communiqué officiel affirmant que les accusations sont infondées, exagérées ou motivées par des intérêts politiques.

Exemple : En 2025, la Tunisie a rejeté les critiques du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme concernant des arrestations de journalistes et d’opposants politiques, affirmant que ces actions étaient conformes à la loi tunisienne.

Des restrictions contre les ONG et les médias internationaux

Certains pays ripostent en expulsant les représentants d’ONG ou en restreignant l’accès des journalistes étrangers, accusés de diffuser une image biaisée de la situation.

Exemple : L’Arabie saoudite a longtemps interdit l’accès d’Amnesty International et Human Rights Watch à son territoire après leurs critiques sur la répression des opposants et l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

La suspension de la coopération avec les institutions internationales

En réaction aux critiques, certains États vont jusqu’à boycotter des instances comme le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ou la Cour pénale internationale.

Exemple : En 2017, le Burundi est devenu le premier pays à quitter la CPI après l’ouverture d’une enquête sur des crimes contre l’humanité commis par le régime.

 

Quelles conséquences pour les États en conflit avec les instances internationales ?

Les tensions entre un État et la communauté internationale ne restent pas sans conséquences. Elles peuvent affecter aussi bien l’image du pays que son économie et ses relations diplomatiques.

Un isolement diplomatique

Un pays sous forte pression peut perdre des alliés ou voir son image internationale se détériorer, ce qui réduit son influence sur la scène mondiale.

Exemple : La Biélorussie, sous sanctions après la répression des manifestations de 2020, s’est retrouvée isolée diplomatiquement et dépendante de la Russie pour son économie.

Des sanctions économiques et financières

Des restrictions commerciales, des gels d’avoirs ou des embargos peuvent être imposés à un pays accusé de violations graves des droits humains.

Exemple : Depuis 2022, la Russie fait face à des sanctions internationales sans précédent en raison de l’invasion de l’Ukraine et des crimes de guerre présumés.

Une mobilisation accrue de la société civile

Les dénonciations internationales peuvent renforcer les mouvements internes de contestation et donner plus de visibilité aux militants et défenseurs des droits humains.

Exemple : En Iran, les critiques des Nations Unies et des ONG internationales ont renforcé la mobilisation des manifestants contre les lois répressives du régime.

Des réformes sous pression

Dans certains cas, la pression internationale pousse un État à engager des réformes pour améliorer son image et éviter des sanctions plus lourdes.

Exemple : Sous pression de l’ONU et de l’Union européenne, l’Arabie saoudite a récemment adopté certaines réformes, comme la fin du système de tutelle masculine sur les femmes pour certaines démarches.

 

Un dilemme entre souveraineté et respect des droits humains

La confrontation entre un État et les instances internationales met en lumière un dilemme complexe : jusqu’où la communauté internationale peut-elle intervenir pour défendre les droits humains sans être accusée d’ingérence ?

D’un côté, les gouvernements dénoncent une imposition de valeurs occidentales et un traitement sélectif des violations des droits humains en fonction des intérêts géopolitiques. De l’autre, les ONG et les organisations internationales rappellent que les droits fondamentaux ne doivent pas être soumis aux intérêts nationaux.

En définitive, ces tensions sont révélatrices des fractures existant entre différents modèles politiques et des enjeux de pouvoir qui influencent la protection des droits humains à l’échelle mondiale. Certains États finissent par céder à la pression, d’autres persistent dans leur défiance, mais une chose est sûre : les débats sur la souveraineté et les libertés fondamentales continueront d’alimenter les relations internationales pour les années à venir.