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son fils dénonce un enterrement de la vérité

- Tunisie
février 07, 2025

Le fils du prisonnier Riadh Bettaieb, Anass Bettaieb, a publié, mercredi 5 février 2025, un long message émouvant après la condamnation de son père à huit ans de prison dans l’affaire Instalingo.

Ancien ministre du Développement et de la Coopération internationale, Riadh Bettaieb est détenu depuis près de deux ans. Il avait été arrêté le 23 février 2023 à l’aéroport Tunis-Carthage avant d’être placé à la prison civile de Messadine dans le cadre de cette affaire.

 

Dans son message, Anass Bettaieb souligne que la condamnation de son père coïncide avec l’anniversaire de son retour en Tunisie après vingt ans d’exil en France. Il écrit en substance :

« Il y a quatorze ans, jour pour jour, mon père rentrait en Tunisie, le 5 février 2011, après vingt ans d’exil en France. Il rentrait dans un pays qui renaissait, porté par l’espoir et le rêve de la liberté et de la démocratie. Il rentrait avec la conviction que le combat de toute une vie n’avait pas été vain, que la justice pouvait enfin avoir un sens.

Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, ce même pays qui l’a vu revenir l’a condamné. Ce 5 février 2025, un jugement politique a été rendu contre lui. Après avoir essayé de démontrer l’évidence — que ce dossier est vide, que cette affaire est une mascarade, que sa place n’est pas en prison mais parmi les siens — la sentence est tombée : huit ans. Huit années arrachées à lui, à nous, à tous ceux qui croient encore en ce pays.

Comment peut-on condamner un homme pour complot contre l’État alors que, toute sa vie, il n’a fait que travailler pour la Tunisie ?

Pire encore, ce verdict repose sur un dossier d’instruction entaché d’irrégularités, fondé sur le travail d’un juge d’instruction qui a depuis été relevé de ses fonctions. Comment peut-on condamner un homme sur la base d’une procédure aussi viciée ? Comment peut-on prétendre rendre justice quand ceux qui en sont les garants ont eux-mêmes été écartés pour leurs manquements ? Ce seul fait suffit à révéler la nature profondément injuste et arbitraire de cette décision.

Aujourd’hui, la justice est morte là où elle aurait dû triompher. Ce verdict n’est pas une décision de droit, c’est une suppression morale, un enterrement de la vérité.

Ce 5 février restera gravé, et l’histoire retiendra ceux qui ont été injustes, comme ceux qui, malgré tout, continuaient de défendre la justice en pleine injustice. »

S.H