Thabet El Abed explique son initiative parlementaire pour réformer le secteur audiovisuel
Le député du bloc national indépendant, Thabet El Abed, est revenu, mercredi 5 mars 2025, sur un projet de loi de son initiative pour réformer le secteur de l’audiovisuel. Le projet a été déposé au bureau de l’Assemblée des Représentants du Peuple il y a quelques jours et a été signé par seize élus.
Le projet de loi organique serait relatif à la liberté de communication audiovisuelle et vise à organiser l’autorité de la communication audiovisuelle et définir ses compétences et prérogatives. Il est composé de 99 articles répartis sur cinq chapitres et propose une vision globale pour réformer notamment la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica).
Au micro de Wassim Ben Larbi dans l’émission Expresso sur Express Fm, l’élu a estimé que ce projet représente une « première tentative sérieuse pour la réforme du secteur des médias et qui a pris en considération les décrets 115 et 116 ».
Et d’affirmer que « les politiciens ont évité de réformer le secteur : un secteur qui était avant 2011 soumis à la volonté du pouvoir ».
Toujours selon ses dires, « après 2011, les nouveaux politiciens ont compris le rôle important des médias et donc ils ont essayé de les contrôler et de les utiliser pour leurs propres intérêts. Il y a eu un nouveau changement et la machine médiatique créait le pouvoir comme ça a été le cas pour Nidaa Tounes. Après ça, les médias se sont transformés en une arène de combat politique, et lorsqu’il y a eu une abstention pour la politique, il y a eu en parallèle une abstention pour les médias. Cela explique le boycott des médias par le pouvoir qui estime qu’il doit communiquer directement avec les citoyens ou via les réseaux sociaux ».
Et de noter qu’« avec le gel de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a conduit à un chaos médiatique, une grande partie s’étant transformé en des boutiques en live, d’autres en des plateaux de discussion visant le buzz. Il n’y a plus de tribunes politiques ni de débat, plus de reportages d’investigation et les plateaux ont banni les journalistes au profit de chroniqueurs, un nouveau phénomène créé par les médias visant à capter de nouveaux revenus ».
M. El Abed a précisé que ce projet de loi devrait passer du bureau de l’ARP aux commissions où des experts, des spécialistes et les parties prenantes seront invités pour donner leurs avis, et cela malgré le fait que ce projet a été discuté avec le SNJT et certains experts. Il ambitionne de transformer la Haica en une instance permanente alors qu’elle était provisoire. Son rôle sera de réguler le paysage audiovisuel.
Le député a souligné que « les médias, comme la justice, doivent être indépendants, impartiaux, présentant l’avis et son contraire ». Et de marteler : « Nous sommes en train de préparer, à travers notre rôle de législateur, la mise en place des conditions pour une unité nationale réelle, dont l’une des bases et la bonne gestion de la différence d’opinion et d’accepter l’autre. Nous avons aussi présenté un projet pour l’amendement du décret 54 qui a été censuré par le bureau de l’ARP en violation du règlement intérieur et de la loi. Nous avons présenté un projet de loi pour le soutien de la qualité des contenus et l’indépendance des médias qui a été aussi censuré. Nous avons une vision pour un ensemble de projets de loi dans le but de consacrer le système démocratique et le respect des droits et libertés dans le cadre de la suprématie de la loi. Un grand chantier à accomplir ».
Thabet El Abed a soutenu : « On n’acceptera pas que ce projet de loi important soit censuré. Le bureau de l’ARP n’a pas le pouvoir de décider ce qui passe ou pas devant les commissions. Son rôle est d’organiser le mouvement des lois au sein du parlement ».
Il s’est étonné de « l’argument selon lequel le bureau de l’ARP avait demandé de laisser l’examen de l’amendement du décret 54 après les élections, comme s’il était un outil pour les élections ». Et d’ajouter qu’« aujourd’hui, il est important de discuter de tous les projets de loi proposés par les élus », en spécifiant que les délais ne sont pas encore achevés pour ce dernier projet pour qu’il soit passé aux commissions.
I.N.