TAGES-ANZEIGER : Monsieur Cywinski, vous êtes le directeur du musée et mémorial d’Auschwitz-Birkenau depuis près de dix-huit ans. À quoi ressemble le travail dans un lieu aussi chargé de tristesse ?
PIOTR CYWINSKI : Il serait plus juste de le décrire comme une mission. Ce n’est pas un travail normal. On parle d’environ 1,3 million de victimes, envers lesquelles nous avons un sentiment d’obligation, surtout maintenant, alors que les survivants ne sont plus qu’une poignée [il donne ici le nombre de personnes déportées à Auschwitz entre 1940 et 1945, dont 1,1 million de Juifs ; seules 200 000 ont survécu, dont 100 000 Juifs].
Beaucoup de gens n’aiment guère aller travailler en hiver, quand il fait froid, humide et encore nuit dehors. Je n’ai jamais vécu cette expérience au cours des dix-huit dernières années. Je sais pourquoi je me réveille et me lève le matin.
Comment cette mission vous a-t-elle été confiée ?
En 2000, de célèbres rescapés m’ont invité à occuper le poste de secrétaire du Comité international d’Auschwitz [fondé en 1952 par d’anciens déportés pour préserver la mémoire de la Shoah]. Les survivants avaient vieilli et souhaitaient que quelqu’un les aide. C’est ce que j’ai fait pendant six ans.
Quand mon prédécesseur a pr