2 views 6 mins 0 comments

le gouvernement a transformé les citoyens en refugiés !

- Tunisie
janvier 28, 2025

Le député et président de la commission de l’Agriculture, Bilel Mechri, est intervenu, lundi 27 janvier 2025, sur les ondes de Jawhara FM pour évoquer les crises successives que traverse le secteur agricole.

« Les soucis des agriculteurs et des consommateurs nationaux sont liés. Quand on ne protège pas l’institution de la production agricole, il est logique que cela ait des répercussions sur le consommateur ordinaire », a expliqué M. Mechri, invité de Hatem Ben Amara. Il a annoncé qu’une réunion entre le ministre de l’Agriculture et la commission de l’Agriculture au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est prévue pour examiner les crises touchant le secteur de l’huile d’olive ainsi que la propagation de maladies chez plusieurs animaux.

« Quasiment tous les agriculteurs sont déficitaires après cette saison, alors que l’avancement actuel de la récolte est de 60% », a-t-il poursuivi, ajoutant que ce retard impactera la production de l’année prochaine.

 

 

M. Mechri a aussi dénoncé l’abandon par l’Office national de l’huile (ONH) de son rôle dans l’exportation de l’huile d’olive : « À partir de 2008-2009, l’ONH est devenu un pion pour les exportateurs privés. Après cette saison, seuls les exportateurs en tireront profit. » Il a précisé qu’en 2019, les exportateurs avaient acheté l’huile d’olive entre 2,5 et 3,5 dinars le kilo, pour la revendre à plus de vingt dinars à l’étranger. « Cette année, ils achètent entre sept et onze dinars, et après la récolte, les prix grimperont encore davantage », a-t-il averti.

 

Le président de la commission de l’Agriculture a également tiré la sonnette d’alarme concernant la propagation d’une maladie touchant de nombreux oliviers, sans réaction de l’État. « Le budget dédié au contrôle et à la production agricole est de 470 millions de dinars, mais il n’y a ni analyses ni actions concrètes », a-t-il dénoncé. Il a rappelé que les autorités réalisaient autrefois des vaccinations et traitements saisonniers pour les cultures et les animaux, mais que ce n’est plus le cas aujourd’hui. « Des maladies comme la tuberculose, la fièvre aphteuse et la rage se sont propagées dans quinze gouvernorats », a-t-il précisé.

 

Abordant la question des ressources hydriques, Bilel Mechri a critiqué les retards liés à la station de dessalement de l’eau de mer de Sousse, dus à des procédures administratives, au non-respect des délais par les promoteurs et à l’absence du ministère concerné. « Ce n’est pas une question de révolution législative, mais plutôt une volonté de travailler de la part des responsables », a-t-il affirmé. Il a également dénoncé une gestion catastrophique des ressources hydriques en Tunisie, malgré un budget de 1,3 million de dinars.

« Nous allons proposer des solutions radicales pour le ministère de l’Agriculture », a-t-il déclaré, suggérant notamment l’installation de citernes dans les régions souffrant de pénuries d’eau en été.

 

M. Mechri a mis en cause les politiques publiques mises en place depuis des années : « Tous les gouvernements successifs ont suivi la même politique erronée. Les ministres de l’Agriculture depuis 2017 répètent les mêmes discours concernant l’eau en 2050, sans aucune stratégie en lien avec les intérêts de la Tunisie. »

Il a également critiqué les stations de dessalement de l’eau de mer, affirmant qu’elles ne sont pas destinées aux citoyens, mais à l’exportation de l’hydrogène vert. Sur la sécurité alimentaire, il a plaidé pour une souveraineté alimentaire, en appelant à soutenir les agriculteurs plutôt que de privilégier l’importation.

« Le gouvernement actuel a transformé les citoyens en réfugiés. Un citoyen ne réclame pas seulement de l’eau et du pain, il réclame la dignité et le travail », a-t-il martelé, concluant qu’il ne soutient ni les appels à un dialogue national ni à une conciliation nationale.

 

H.K