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Deux ans après le séisme dans le sud de la Turquie, la « colère infinie » des victimes en mal de justice

- Monde
février 06, 2025

Deux ans, déjà. Deux ans qu’elle traîne son corps meurtri et ses cauchemars. Deux ans que la douleur de l’absence les tourmente, elle et sa famille. Elif Ulupinar a perdu son petit frère de 8 ans, ce 6 février 2023, dans les décombres de leur immeuble et, avec lui, ses rêves de jeune femme. Ce jour-là, le séisme et ses innombrables répliques ont frappé 680 000 bâtiments dans le sud de la Turquie, et plus de 7 500 logements ont été entièrement anéantis rien que dans sa ville de Kahramanmaras.

Le sien portait le nom de Said-Bey. Il était moderne, avec deux blocs de huit étages, et réputé comme l’un des plus chers, des plus sûrs et des plus solides du quartier. A peine huit secondes ont suffi pour qu’il s’effondre sur lui-même, entraînant la mort de 44 personnes. Seuls 25 résidents ont survécu. Le bilan officiel – considéré comme sous-évalué – de ce que les autorités appellent aujourd’hui « la catastrophe du siècle » fait état de 54 000 morts et 120 000 blessés. Plus d’un quart des décès serait à dénombrer à Kahramanmaras et dans la région alentour.

Elif avait 18 ans. Ensevelie, les deux bras enserrés dans le béton, elle est extraite des décombres après quatre jours d’effroi. « J’ai eu de la chance, se remémore-t-elle. A l’hôpital, un docteur a refusé de m’amputer. » Après les opérations et la convalescence, elle est repartie avec sa famille vivre à Ankara, leur ville d’origine. Son père, militaire, a été réaffecté. Sa mère, elle aussi survivante de Said-Bey, passe le plus clair de son temps à ses côtés lorsqu’elle n’étudie pas. Son autre frère, Kadir, 24 ans, a pu rester dans la police. Seule son arme lui a été retirée après la catastrophe, en raison d’accès de colère incontrôlés.

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