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Zelensky face à la pression de Trump sur la fin de la guerre

- Tunisie
février 23, 2025

Cible d’invectives de la part de Donald Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est sous pression, vendredi 21 février 2025, afin de coopérer avec les États-Unis, notamment sur l’exploitation des minerais stratégiques ukrainiens par Washington.

Début février, le président américain avait annoncé vouloir négocier un accord avec l’Ukraine pour obtenir un accès à 50% de ses minerais stratégiques en échange de l’aide américaine déjà livrée.

Le président Zelensky a rejeté la première proposition américaine sur les minerais, qualifiée de « colonisation » par certains médias occidentaux, arguant qu’elle ne prévoyait pas de garanties de sécurité pour son pays, en guerre depuis trois ans contre l’invasion russe. Il a cependant ouvert la porte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

Depuis, les tensions entre Kiev et Washington se sont fortement accrues, Donald Trump accusant Volodymyr Zelensky d’être un « dictateur », tout en amorçant un brusque rapprochement avec le Kremlin, un tournant très dangereux pour l’Ukraine, dont les États-Unis étaient un pourvoyeur clé d’aide militaire et financière.

Un haut responsable ukrainien a cependant indiqué, vendredi, à l’AFP que l’Ukraine et les États-Unis « poursuivent » les négociations sur un accord concernant l’exploitation des minerais stratégiques ukrainiens.

« Cette conversation se poursuit », a déclaré ce responsable sous couvert d’anonymat. « Il y a un échange constant de projets de documents. Nous en avons envoyé un autre hier et nous attendons une réponse » américaine, a-t-il ajouté, précisant être informé du déroulement de ces pourparlers.

 

Objectifs russes et américains

Jeudi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, a multiplié les appels à Volodymyr Zelensky.

« Le président Trump est manifestement très frustré par le président Zelensky, par le fait qu’il ne soit pas venu à la table des négociations, qu’il n’ait pas voulu saisir l’occasion que nous lui avons offerte », a-t-il déclaré.

« Je pense qu’il en viendra là au bout du compte, et j’espère très rapidement », a-t-il insisté. Plus tôt, dans une interview, il avait invité Kiev à « examiner de près la situation » et à « signer l’accord » sur les minerais stratégiques.

MM. Trump et Zelensky ont échangé des attaques personnelles inédites après les discussions russo-américaines de mardi en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties depuis le début de la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a justifié jeudi ces pourparlers, précisant cependant que l’objectif principal de Washington était de vérifier si Moscou était « sérieux ».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé, vendredi, que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

« Nous avons nos objectifs liés à notre sécurité nationale et nos intérêts nationaux, et nous sommes prêts à les atteindre à travers des négociations de paix  », a déclaré M. Peskov.

La Russie exige notamment que Kiev lui cède quatre régions ukrainiennes dont elle revendique l’annexion, ainsi que la péninsule de Crimée, et que l’Ukraine n’adhère jamais à l’Otan.

Des conditions inacceptables pour les autorités ukrainiennes, qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides pour dissuader la Russie de les envahir à nouveau.

Le 12 février, Donald Trump avait lui-même jugé qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan « ne serait pas réaliste ».

La Chine a, elle aussi, estimé « qu’une fenêtre sur la paix s’ouvre », selon des propos rapportés vendredi de son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, lors de la réunion des chefs de la diplomatie du G20 à Johannesburg.

Pékin, qui n’a jamais condamné la Russie pour son invasion de l’Ukraine en 2022, souhaite une « solution viable et durable qui réponde aux inquiétudes » de chaque partie, a assuré le ministère chinois.

 

Avancées russes sur le front

Malgré ces tensions, M. Zelensky a reçu, jeudi, à Kiev l’émissaire américain Keith Kellogg, avec qui il a dit avoir eu des échanges « productifs » sur « la situation sur le champ de bataille » et « les garanties de sécurité efficaces ».

Toutefois, la rencontre n’a donné lieu à aucune conférence de presse commune.

À quelques jours du troisième anniversaire du début de l’invasion, le 24 février 2022, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes, moins nombreuses et moins bien équipées.

Vendredi, l’armée russe a encore revendiqué la prise de deux localités situées dans la région orientale de Donetsk (est), non loin de la démarcation avec celle de Dnipropetrovsk, où les troupes du Kremlin n’ont jusqu’à présent pas pénétré.

Face à ces périls, l’Union européenne et plusieurs dirigeants européens tentent de se mobiliser pour soutenir Kiev. Certains d’entre eux sont attendus à Kiev pour l’anniversaire de l’invasion, lundi.

Le président français Emmanuel Macron doit se rendre à Washington lundi. À cette occasion, il dira à Donald Trump qu’il ne peut « pas être faible » face au chef de l’État russe, a-t-il assuré jeudi sur ses réseaux sociaux.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer est, lui, attendu à Washington jeudi.

 

 

© Agence France-Presse