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En Russie, des villages sont sous la menace des tigres de Sibérie

- Business
février 23, 2025

Les habitants du Primorié, région située dans l’Extrême-Orient russe, ne dorment plus sur leurs deux oreilles depuis plusieurs mois. En décembre, plusieurs chiens ont été tués en pleine nuit par des tigres de Sibérie, aussi appelés “tigres de l’Amour”, dont la présence autour des habitations devient de plus en plus fréquente. Puis, le 14 janvier, un pêcheur du village de Zimniki a été attaqué et tué par un tigre, rapporte le média indépendant Holod. Dans le kraï de Khabarovsk, situé dans la partie centrale de l’Extrême-Orient russe, 184 conflits entre tigres et habitants ont été recensés en à peine deux mois cet hiver, indique Sibir.Realii, filiale de Radio Free Europe/Radio Liberty.

“Les prédateurs sont imprévisibles. […] Ceux qui ont une autorisation de port d’armes sont prêts à tirer s’il n’y a pas d’autre solution”, confie Elina, une habitante de la région interrogée par Sibir.Realii. “Même ceux qui n’ont pas d’autorisation sont prêts à le faire si nécessaire. Nous vivons dans une région isolée, il faut bien se défendre.”

À quelques kilomètres de là, “les tigres passent régulièrement dans le village” d’Andreïevka, affirment ses habitants. “Les captures prennent un temps interminable, on ne sait même pas si ceux qui en sont responsables ont vraiment l’intention d’agir. Cela fait maintenant plusieurs années que nous vivons ainsi”, déplorent les villageois dans une pétition adressée au gouverneur régional.

Une disparition des proies naturelles

Le district fédéral extrême-oriental, en Russie. COURRIER INTERNATIONAL.

En réponse, un groupe d’experts réunis en janvier à la Douma, le Parlement russe, ont confirmé que l’État n’était pas en mesure de résoudre le problème. Les autorités russes pointent du doigt “l’épidémie de peste porcine africaine de 2019, qui a décimé jusqu’à 75 % de la population de sangliers”, principale source de nourriture des tigres de Sibérie, précise Sibir.Realii. Par ailleurs, “une mauvaise gestion des forêts a détruit la base alimentaire des ongulés. Aujourd’hui, le tigre quitte son habitat traditionnel […] simplement parce qu’il n’a plus rien à manger”, a expliqué le biologiste Viktor Lukarevsky lors de cette réunion.

Outre la disparition des sangliers, la chasse aux cerfs, autre source de nourriture essentielle pour les tigres, pose problème. “Bien que des quotas de prélèvement existent pour certaines espèces comme le chevreuil, le braconnage reste courant”, note le média en ligne.

Le sous-financement fait que la surveillance est quasi inexistante. Le budget alloué à la prévention des conflits entre les habitants et l’animal s’élève à seulement 9 millions de roubles (environ 95 000 euros) par an pour l’ensemble du pays.

“Pour éviter ces conflits, il faudrait mieux encadrer la chasse, rétablir un vrai contrôle des forêts, limiter la déforestation et finaliser des projets de protection, comme la création du parc national de Pompeïevsky, dans la région autonome juive, qui permettrait de préserver l’habitat des tigres.” résume un spécialiste de la conservation interrogé par Sibir.Realii sous couvert d’anonymat. Mais il doute que ces réformes voient le jour rapidement. “Pour remettre de l’ordre, il faudra des années. Et pour l’instant, les autorités ont d’autres priorités.”