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les agriculteurs mènent un combat solitaire

- Tunisie
février 27, 2025

 

Le conseiller économique du président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Fathi Ben Khalifa, est revenu, mercredi 26 février 2025, sur les ondes de Jawhara FM pour évoquer l’état actuel du secteur agricole ainsi que l’initiative de l’Utap visant à modérer les prix.

« Comme nous l’avions annoncé précédemment, nous collaborons avec des partenaires italiens pour créer des points de vente permanents du producteur au consommateur, comme chaque mois de ramadan », a expliqué l’invité de Hatem Ben Amara. Il a précisé que cette initiative vise à soutenir les petits producteurs en facilitant la commercialisation de leurs produits. Ces points de vente porteront le nom de « marché de l’agriculteur ».

« Nous allons instaurer des prix préférentiels qui refléteront les véritables prix de vente des produits agricoles », a ajouté M. Ben Khalifa. Il a indiqué que l’initiative se déroulera du jeudi 27 février au lundi 3 mars 2025 et que 36 agriculteurs seront présents pour proposer leur production. Ce marché sera installé à Cité El Khadhra, au siège de l’Utap, et sera inauguré le 27 février 2025.

« Les prix proposés seront en harmonie avec ceux du marché de gros. Par exemple, l’huile d’olive sera vendue à un prix inférieur (onze dinars) à celui de l’Office national de l’huile (ONH) », a annoncé Fathi Ben Khalifa. Il a ajouté que des viandes rouges, des poissons ainsi que des fruits et légumes seront également disponibles dans ces points de vente. Toutefois, il a précisé que cette action était coûteuse, ce qui explique pourquoi l’Utap a choisi de la réaliser uniquement à Tunis et non dans d’autres gouvernorats.

  

 

Concernant le bilan de la production agricole, l’invité de l’émission Sbeh El Ward, Fathi Ben Khalifa, a déclaré : « Comme nous l’avions indiqué précédemment, la pomme de terre traverse actuellement une période de transition entre les saisons. Nous disposons actuellement d’environ 17.000 tonnes, alors que la consommation atteint 25.000 tonnes ». Il a ensuite rappelé que l’État avait plafonné le prix de vente de la pomme de terre à 1,900 dinar. Quant aux œufs, il a affirmé qu’il n’y avait pas de crainte à avoir concernant ce produit, la production couvrant largement la consommation des Tunisiens.

« Pour ce qui est du lait, il faut rappeler que nous sommes actuellement en période de pic de production et que l’Utap n’a, jusqu’à présent, détecté aucune crise relative à ce produit », a ajouté M. Ben Khalifa.

Concernant l’exportation de l’huile d’olive, Fathi Ben Khalifa a expliqué que les exportations avaient augmenté, mais que les prix restaient très bas et ne couvraient pas les charges des agriculteurs. « Pour remédier à cette situation, il est impératif de mieux maîtriser la commercialisation de nos produits », a-t-il ajouté, précisant que l’huile d’olive devait être placée au cœur d’un dialogue national afin d’être valorisée. Il a également qualifié d’irrationnel le fait que les Tunisiens soient privés d’huile d’olive et de dattes.

« Avant hier, j’étais en visite dans le gouvernorat de Kasserine, plus précisément dans la délégation de Sbiba. Les pommes y ont été vendues entre 1,5 et 2 dinars le kilo, alors qu’elles sont ensuite revendues à neuf dinars aux consommateurs », a déploré Fathi Ben Khalifa. Il a poursuivi : « À quel prix les exportateurs achètent-ils les dattes ? Pas plus de trois dinars le kilo. Cette plus-value devrait être partagée entre tous les intervenants. Il n’est pas normal que l’agriculteur souffre pour produire sans rien gagner au final ».

Au sujet de la hausse des prix des légumes, il a rappelé que le gouvernorat de Monastir, qui constitue la région la plus productive en matière de légumes, est privé d’eau d’irrigation depuis des années. Il a poursuivi : « Ce sont des gens qui luttent pour produire ».

Fathi Ben Khalifa est ensuite revenu sur la question des intrants agricoles : « Les intrants en Tunisie sont sans contrôle ni surveillance en termes de qualité et de prix ». Il a ajouté que ces intrants ne sont soumis à aucun contrôle dans l’ensemble des secteurs agricoles. Il a poursuivi : « Ce sont les technico-commerciaux des sociétés qui assurent la sensibilisation sur ces intrants, et c’est là que réside le grand danger ».

« Depuis des années, l’agriculteur mène un combat solitaire face à cette structure agricole », a déploré M. Ben Khalifa. Il a ensuite appelé à l’instauration d’une politique agricole nationale claire afin de sortir de cette situation.

  

 

 H.K