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Les fils de Ghazi Chaouachi dévoilent la vérité sur les accusations contre leur père

- Tunisie
mars 07, 2025

Les fils de Ghazi Chaouachi dévoilent la vérité sur les accusations contre leur père

 

Le fils du prisonnier politique Ghazi Chaouachi, Elyes Chaouachi, a publié un statut, mercredi 5 mars 2025, pour revenir sur l’affaire de son père et démontrer, en se basant sur l’ordonnance de clôture de l’instruction, la légèreté du dossier et des preuves retenues contre lui.

« Voilà pourquoi Ghazi Chaouachi est en prison, et je mets quiconque au défi d’apporter une seule preuve ou un seul élément tangible prouvant sa culpabilité. Nous avançons à visage découvert, nous publions les procès-verbaux, nous exigeons une audience et un procès public, et s’il le faut, que tout soit filmé et documenté. Avez-vous déjà vu une telle confiance en soi ? Une telle audace ? Si nous étions coupables, nous refuserions certainement la transparence et la lumière. Mais au contraire, cette exigence de rendre le procès public est la preuve que c’est le pouvoir qui est injuste, tremblant et perdu, cherchant à cacher ses abus et sa répression. Un jour viendra où justice sera faite », a-t-il souligné.

Elyes Chaouachi a reposté une ancienne publication de son frère, Youssef Chaouachi, datant de décembre 2024, que nous n’avions pas pu reprendre en raison de l’interdiction du traitement médiatique de l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État.

 

Ainsi, Youssef Chaouachi indique dans sa publication :

« Après la décision de la Cour de cassation, l’interdiction de publication ordonnée par le juge d’instruction dans l’affaire du complot n’a plus lieu d’être.

C’est pourquoi je tiens à partager un extrait de l’ordonnance de clôture de l’instruction, dans laquelle le juge d’instruction a fondé les accusations contre mon père, Ghazi Chaouachi. Cela permettra à tout le monde de mesurer l’ampleur du scandale et de l’injustice.

Un extrait de vingt lignes énumère les « preuves » qui l’accusent de 17 chefs d’inculpation, dont six passibles de la peine de mort :

  1. Première preuve de complot : Ghazi Chaouachi aurait rencontré la cheffe du département politique de l’ambassade des États-Unis en Tunisie. Ce fait n’est pas nié, mais en tant que secrétaire général d’un parti ayant le deuxième plus grand bloc parlementaire à l’époque, il rencontrait régulièrement plusieurs ambassadeurs de divers pays. Rien d’illégal à cela.

  2. Deuxième preuve : Khayam Turki aurait mentionné dans une conversation que Ghazi Chaouachi avait rencontré les ambassadeurs de France et d’Allemagne. Ces deux rencontres ont été publiées sur la page du parti Attayar et se sont déroulées au siège du parti. S’il s’agissait d’un complot, elles auraient été secrètes.

  3. Troisième preuve : Ghazi Chaouachi posséderait cinq numéros de téléphone utilisés sur des appareils mobiles qui n’ont jamais été saisis ! En réalité, ces numéros sont ceux de ma sœur, de ma mère et de moi-même, achetés à nos noms avant notre majorité. Mon père nous avait simplement pris des cartes SIM à l’époque. Ces téléphones nous appartiennent et sont en notre possession. Voilà le niveau de preuve d’un juge du pôle antiterroriste, qui parle de cartes SIM et de téléphones comme éléments de preuve dans une affaire de terrorisme !

  4. Quatrième preuve : Ghazi Chaouachi posséderait plusieurs comptes bancaires et aurait effectué des transactions financières importantes. Cette phrase a été copiée-collée pour tous les accusés du dossier. Pourtant, il n’existe aucun rapport de la Commission des analyses financières et, plus grave encore, aucune accusation financière ne vise qui que ce soit dans ce dossier. Cela prouve bien l’inexistence des faits.

  5. Cinquième preuve et la plus « solide » : Ghazi Chaouachi et Ridha Belhaj ont pris le même vol pour la France mais sont rentrés sur des vols différents, ce qui « confirmerait leur entente dans le complot ». En réalité, Ghazi et Ridha sont beaux-frères (leurs épouses sont sœurs). Ghazi est allé voir son fils à Lyon, tandis que Ridha a rendu visite au sien à Paris. Ils sont rentrés séparément.

Voici donc les cinq éléments de « preuve » du complot contre la sûreté de l’État imputés à Ghazi Chaouachi. 22 mois de prison pour ça !

Imaginez qu’un extrait comme celui-ci serve de base pour 17 accusations, dont 9 liées au terrorisme : formation d’un groupe pour commettre des actes terroristes, complot terroriste, semer le trouble parmi la population, tentative d’assassinat, possession d’armes et d’explosifs, atteinte à la sécurité alimentaire et environnementale, etc.

Le juge conclut : « Par la conjonction de ces éléments, la preuve matérielle contre Ghazi Chaouachi est établie. »

Beaucoup se demandaient : est-il possible qu’une instruction entière, une chambre d’accusation et la Cour de cassation aient pu se tromper ? Peut-être y a-t-il quelque chose de sérieux dans cette affaire ? Eh bien, voici les « preuves » sur lesquelles repose cette accusation de complot contre la sûreté de l’État.

Tout le dossier est ainsi monté… Les éléments retenus contre les autres détenus sont du même niveau.

À noter : le juge d’instruction a passé 14 mois à « travailler » sur cette enquête, pendant que les accusés croupissaient en prison. 14 mois de prétendues investigations, sans interrogatoires, sans confrontations, pour finalement produire un rapport aussi ridicule !

Et ensuite, les juges de la chambre d’accusation et de la Cour de cassation ont validé et soutenu ce rapport…

J’appelle toutes les familles des détenus de cette affaire à publier les « preuves et indices » retenus contre leurs proches, afin que l’opinion publique prenne conscience de l’ampleur du scandale. »

La première audience de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État s’est tenue hier au Tribunal de première instance de Tunis.

Les plaidoiries des avocats ont porté essentiellement sur la nécessité de la comparution physique des détenus, alors que leur procès se déroule à distance, une décision fortement contestée par la défense.

Les avocats ont déposé des demandes de libération, toutes ont été rejetées dans la même journée. L’audience a été renvoyée au 11 avril prochain.

S.H