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un pays à réinventer, un dossier réalisé avec la rédaction de “L’Orient-Le Jour”

In Business
mai 28, 2025

C’est un dossier un peu particulier et mûri de longue date que nous vous proposons cette semaine, un hommage d’abord à un journal à la voix si singulière dont nous reprenons très régulièrement les articles sur notre site et dans l’hebdomadaire : L’Orient-Le Jour. Le quotidien francophone libanais a fêté ses 100 ans en 2024, une longévité exceptionnelle dans une région où la presse a connu les pires difficultés ces dernières années. “Dans sa diversité, L’Orient-Le Jour reste avant tout un enfant du siècle. Un produit de la modernité politique, un acteur de l’indépendance, une victime collatérale de la guerre, un sinistré de la crise, un rescapé de l’époque”, écrivait l’an dernier Stéphanie Khouri, journaliste au sein de la cellule qui s’occupe des reportages, des enquêtes et des longs formats du journal. C’est avec elle, notamment, et avec Anthony Samrani, corédacteur en chef, que nous avons préparé ce numéro à part.

Au moment des événements de Maïdan, en 2014, nous avions invité l’hebdomadaire Oukraïnsky Tyjden à investir nos colonnes. Plus tard, en 2017, c’est avec les journalistes de Cumhuriyet, le dernier journal d’opposition turc, dont une partie de l’équipe était alors emprisonnée, que nous avions construit un dossier sur la dérive autoritaire, déjà, du régime Erdogan. Cette fois, c’est donc la rédaction de L’Orient-Le Jour que nous avons choisi d’inviter pour sa formidable couverture de l’actualité au Moyen-Orient.

D’ordinaire, la plupart de nos dossiers sont conçus à partir de plusieurs sources. Cette fois, exceptionnellement, tous les articles sont signés par les journalistes du quotidien libanais : Élie Fayad, lui aussi corédacteur en chef, Soulayma Mardam Bey, Nemtala Eddé, Clara Hage, Émilie Sueur. Des textes inédits (à l’exception de ceux consacrés à l’histoire du journal, dont celui cité ci-dessus) et longuement discutés avec le service Moyen-Orient de Courrier international. Des reportages photo aussi.

Depuis le 7 octobre 2023, nous avons largement relayé les analyses et les reportages de L’Orient-Le Jour sur Gaza, Israël, la Syrie et la guerre menée par Tsahal contre le Hezbollah ces derniers mois, avec la mort de Hassan Nasrallah, le leader charismatique du parti chiite. Cette fois, c’est sur le Liban d’aujourd’hui, après la guerre, que nous avons choisi d’axer ce dossier. Portrait d’un pays meurtri, l’espoir d’une renaissance… Au fil de nos échanges avec la rédaction de L’Orient-Le Jour, nous avons défini un angle et choisi ensemble les articles qui permettraient de rendre compte de la réalité d’un pays encore fragilisé, mais qui tente de se reconstruire.

La guerre déclenchée par le “parti de Dieu” contre l’État hébreu en soutien au Hamas, a causé mort et destruction à Beyrouth et dans diverses régions du pays du Cèdre. Mais elle a aussi fortement affaibli le Hezbollah, qui fut pendant vingt ans le parti dominant sur la scène libanaise, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives politiques. En début d’année, un nouveau président, Joseph Aoun, a été élu, après plus de deux ans de vacance, et un nouveau Premier ministre, Nawaf Salam, a été nommé. Ils pourraient être les visages du “nouveau Liban”, écrit Anthony Samrani.

Mais les défis sont colossaux. Le pays se relève à peine. La population reste engluée dans une terrible crise économique et financière depuis 2019. Elle espère surtout pouvoir – enfin – vivre en paix, faire la fête avec légèreté et se projeter sereinement dans l’avenir. Depuis le début de la guerre civile (1975-1990) il y a cinquante ans, le Liban a été ballotté de guerres en crises, qui ont provoqué des vagues massives d’émigration. Les Libanais aimeraient peut-être que l’on cesse de mettre à l’épreuve leur sacro-sainte résilience. C’est de tout cela dont il est question dans ce dossier spécial.

“Le Liban raconté par les Libanais”, “Un nouveau départ”, “Un pays à réinventer”… Vendredi 23 mai, lors de la dernière réunion entre nos deux rédactions, au moment de décider du titre de une, après une série d’échanges en visio entre Beyrouth et Paris et de discussions sur les archives, les choix de photos, les couvertures, nous n’avons finalement que peu hésité à choisir le titre qui accompagnerait le formidable dessin signé Ivan Debs. Le plus dur finalement fut peut-être de savoir que cette réunion était la dernière sur ce projet. Bonne lecture !