
En modernisant les clichés de l’histoire provençale et en épurant sa silhouette, Simon Porte Jacquemus a rappelé ce qui fait l’authenticité de sa marque indépendante, ce 29 juin, dans la galerie de l’Orangerie.
« C’est lorsqu’il est face à l’adversité qu’il est le meilleur, qu’il est le plus “Jacquemus” », nous glisse une invitée du défilé de l’été 2026 présenté dimanche en fin d’après-midi à l’Orangerie de Versailles. En effet, il y a dix ans, quand certains critiques estimaient qu’il avait atteint son plafond de verre, le jugeant plus influenceur que créateur, Simon Porte Jacquemus sortait de son chapeau provençal Les Santons (été 2017) qui fut son « game changer ». Depuis, son nom a fait le tour du monde, son entreprise a beaucoup grandi, passant de pure player à maison avec pignon sur rue. Seulement, ces derniers mois, notamment en raison du contexte économique dur pour tout le monde et encore plus violent lorsqu’on est indépendant, les critiques ont repris… Et le Provençal de 35 ans de sortir à nouveau un défilé qui leur a coupé l’herbe sous le pied. Et sa collection probablement la plus aboutie.
Photo: Filippo Fior / Gorunway.com
Indépendant, donc, et il faut le répéter tant c’est une exception dans ce monde du luxe. Et pourtant, il n’a pas à rougir de la comparaison avec les shows des grands groupes. Sous le soleil versaillais, ses invités s’hydratent à l’hydromel dans les allées de l’Orangerie tandis qu’en surplomb des jardins, dans la «fan-zone» prévue par la marque, de jeunes gens s’époumonent à la vue des célébrités (Laetitia Casta, Armand Duplantis, Aya Nakamura, Matthew McConaughey, Pierre Niney…), détendus et habillés comme pour un mariage, de robes en popeline tendre et de costumes en coton léger.
Une fois l’assemblée assise dans la fraîcheur de la galerie à la majesté austère, un garçon de 8 ans, pieds nus et vêtu de blanc, court le long des 150 mètres jusqu’aux marches et ouvre l’imposante porte en bois donnant accès aux mannequins. Une allégorie de l’enfance du créateur, qui fait pénétrer en ses lieux empreints de la grande histoire, les personnages fantasmés de son jeune âge, inspirés des photographies familiales de ses grands-parents maraîchers du sud de la France, dans les champs et durant les moissons des années 1950-1960.
Photo: Filippo Fior / Gorunway.com
Simon Porte Jacquemus montre un talent indéniable pour le storytelling. Mais on ne saurait mettre en doute sa sincérité tant le moment est touchant, dans la naïveté de la mise en scène (merveilleuse bande-son signée Ennio Morricone), comme dans la grande élégance de sa silhouette réinterprétant l’idée d’une garde-robe ancienne – tabliers, châles, nappes, broderies anglaises… – en un travail moderne de coupe, de drapé, de design. Le vêtement particulièrement seyant, les espadrilles revisitées, les breloques en tresse d’ail en cuir, les sacs aux lignes épurées avec toujours ce détail graphique à la Jacquemus, devraient permettre à notre Français de bientôt récolter les fruits de sa plus belle saison.
Photo: Filippo Fior / Gorunway.com
Photo: Filippo Fior / Gorunway.com