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à Cuba la hausse du prix d’Internet ne passe pas

In Business
juin 05, 2025

“Un véritable hold-up numérique.” Ce sont les mots de l’opposant Jorge de Mello, rapportés par le média numérique CiberCuba, à propos de la récente mesure du gouvernement cubain visant à augmenter les tarifs de la connexion à Internet sur l’île. Depuis l’annonce faite le 30 mai, l’île connaît une vague de protestations, avec les universités du pays comme épicentre de la mobilisation.

Selon El País América, “au moins dix facultés” réparties dans cinq universités ont lancé un appel à la grève générale pour exiger le retrait cette décision.

En ligne de mire, la Société cubaine des télécommunications (Etecsa), propriété de l’État et unique opérateur autorisé dans le pays, accusée d’imposer des tarifs hors de portée pour une grande partie de la population. Ces nouveaux tarifs, souligne Infobae, représentent une hausse significative, notamment pour les étudiants, “déjà confrontés à d’importantes difficultés économiques”.

Près de deux mois de salaire pour 3 gigaoctets

Pour la formule la plus “économique”, 3 360 pesos cubains (environ 8 euros sur le marché informel) seraient nécessaires pour 3 gigaoctets de données. Comme le rappelle El País, le salaire mensuel minimum dans le pays s’élève à 2 100 pesos, soit environ 6 euros. En d’autres termes, les utilisateurs devront “dépenser [près de] deux mois de salaire pour quelques heures de connexion Internet”.

De son côté, le gouvernement cubain a tenté, mardi 3 juin, de justifier l’augmentation en la qualifiant de “douloureuse mais temporaire”. Cité par CiberCuba, le vice-Premier ministre, Eduardo Martínez Díaz, a ainsi invoqué la “situation économique complexe” dans laquelle se trouve le pays et a appelé les citoyens à faire preuve de “compréhension”.

Pour tempérer la situation, le gouvernement a proposé une “seconde formule” plus accessible pour les étudiants tout en garantissant un “accès gratuit aux portails de recherche”, relate Telesur. En vain. La chaîne d’information latino-américaine souligne que les réseaux sociaux sont devenus “un véritable thermomètre de la crise”, décrivant des comptes anonymes et des profils masqués encourageant les protestations dans les universités.

“Entreprise socialiste ou monopole capitaliste ?”

Du côté des critiques, le média Café Fuerte dénonce la nature “lucrative et oppressive” du gouvernement, pointant du doigt des tarifs bien plus élevés que ceux pratiqués dans la région. “[Etecsa] est-elle une entreprise socialiste ou un monopole capitaliste au service d’un État exploiteur ? Sans aucun doute, la seconde suggestion”, assène le média.

“Cette décision revient à dire au peuple que son travail ne vaut rien et que s’ouvrir au monde via Internet est un privilège réservé à ceux qui disposent d’un appui extérieur.”

Dans les colonnes d’El País, la journaliste cubaine Carla Gloria Colomé analyse cette mesure comme le reflet des craintes du gouvernement face à Internet. Selon elle, le gouvernement savait que le pays “allait changer à l’instant où les Cubains pourraient se connecter au monde”.

Le monopole d’Etecsa dans le pays n’est sans doute pas un hasard. Comme le rapporte CiberCuba, un décret du Conseil des ministres a prolongé de onze ans le monopole de la société d’État sur les télécommunications publiques, garantissant à l’État un contrôle accru sur le service.