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À la World Pride de Washington, une immense fête arc-en-ciel au goût amer

- Business
juin 08, 2025

“La foule a inondé les trottoirs, envahi la chaussée et pris possession des toits”, s’enthousiasme le Washington Post. Partout, les couleurs de l’arc-en-ciel. Sur les t-shirts, les shorts, les perruques, dans les restaurants. Et tissées, ensemble, pour former un immense drapeau.

Cette banderole de 300 mètres de long a ouvert la parade des fiertés, samedi 7 juin, point culminant de la World Pride, avant une marché des libetés prévue dimanche. “Ce festival international biannuel de trois semaines qui vise à célébrer la communauté LGBTQ coïncidait avec le cinquantième anniversaire de la première Pride organisée à Washington”, précise le journal de la ville.

L’un de ses instigateurs, Deacon Maccubbin, se trouvait dans le cortège, en compagnie des actrices Laverne Cox (Orange is the New Black) et Rénée Rapp (Mean Girls : Lolita malgré moi). “Je suis très, très fier, a confié le militant de 82 ans. Nous avons lancé quelque chose qui s’est développé de façon magnifique. Nous en avons besoin aujourd’hui plus que jamais.”

Fréquentation et financements en baisse

Car les participants ont défilé, six heures durant, à l’ombre de la Maison-Blanche, d’où Donald Trump a lancé depuis sa réélection une offensive brutale contre les droits des personnes trans et les politiques de diversité. “La dernière fois que la World Pride a posé ses valises aux États-Unis, c’était en 2019. La fréquentation sur l’ensemble de l’événement avait été estimée à 5 millions de personnes et les sponsors incluaient L’Oréal, Delta Air Lines, Starbucks et la NBA, se remémore la chaîne publique NPR. Mais cette année, les organisateurs disent que la fréquentation et les financements ont été affectés par la rhétorique de l’administration Trump et ses mesures contre les programmes d’inclusion.”

Peu de doute, non plus, pour la BBC :

“Nombreux sont ceux qui ont préféré ne pas venir depuis l’étranger, soit par crainte de problèmes à la frontière, soit pour protester contre la politique du président américain.”

Humeur rebelle est festive

Comme l’explique la radiotélévision britannique, la candidature de Washington DC avait été retenue avant la présidentielle américaine de novembre dernier, dans le sillage de précédentes éditions tenues à Sydney (2023) et à Copenhague (2021).

“En janvier, les organisateurs tablaient tout de même sur trois millions de participants et une contribution nette de 800 millions de dollars à l’économie locale. Finalement, ils ont revu leurs ambitions à la baisse des deux tiers.”

Parmi les motifs de satisfactions, relevés par le Washington Post : la marche de samedi devait réunir 700 000 personnes, soit deux fois plus que la pride habituelle, dans la capitale américaine. “L’humeur était rebelle et festive”, relève la chaîne de télévision MSNBC. “Les participants brandissaient des drapeaux finlandais, iraniens, espagnols et britanniques”, complète The New York Times, qui s’est entretenu avec une jeune femme venue des Bermudes, “où l’homophobie reste intense”. Derrière “toute cette joie et cette célébration, subsistait malgré tout un sentiment de colère et d’inquiétude”. Un moteur, veut croire Sœur Sibyles Liberties, drag queen rencontrée par le journal new-yorkais, “pour que la communauté LGBTQ continue à rester visible et fière”.